Il y a tout juste cent ans disparaissait Franz Schrader (11 janvier 1844-18 octobre 1924). Fils d’un négociant en vin bordelais « qui le destinait au commerce dans sa ville natale¹ » il fait en 1866 une découverte qui va changer sa vie : les Pyrénées. Invité dans le château d’un ami à Pau pour quelques jours au mois d’août,

Le matin il ouvre sa fenêtre et sur sa gauche, au bout de la rue, aperçoit des montagnes. Coup de foudre. Il court d’un trait à la terrasse du château, “demeurant muet et stupide devant cette chose nouvelle qui vient d’entrer dans sa vie et qui va la transformer”².

Dès lors, il consacre tout son temps libre à la découverte des Pyrénées, d’abord par de nombreuses excursions et ascensions : leurs comptes rendus feront l’objet du premier volume de Pyrénées, « ouvrage publié sous les auspices de l’Académie de Béarn et avec l’autorisation du Club Alpin Français³ » et qui reprend, en 1936, ses principaux écrits.

Mais Franz Schrader ne se contente pas de parcourir les Pyrénées ou d’être le premier à gravir certains sommets. À l’époque où il les découvre, une partie des Pyrénées est encore mal connue, mal décrite, et Schrader veut étudier et approfondir tous les aspects de la montagne. Il sait que rien ne remplace la connaissance que donne le terrain ; il sait aussi qu’il doit la compléter par de nombreuses lectures, à commencer par celles de Ramond de Carbonnières, « considéré comme l’initiateur du “Pyrénéisme”⁴ » et de Henry Russell, de quelques années son aîné :

Le nom de Russell est désormais lié à celui des Pyrénées. Les montagnes franco-espagnoles ont trouvé en lui leur poète : il aura eu une grande joie, de révéler une beauté nouvelle à tous ceux qui sentent leur cœur battre devant une montagne […] La flamme qui brûlait en lui a été contagieuse⁵.

Il lit aussi les guides touristiques consacrés aux Pyrénées, notamment celui édité par Joanne et dont l’introduction est signée par le géographe Élisée Reclus, qui n’est autre que son cousin.

Découvrir et faire découvrir

Comme pour Russell, les Pyrénées ne se résument donc pas pour lui à des sommets à conquérir : c’est une passion qu’il veut partager et rendre accessible aux autres. En promenade avec son ami Lourde-Rocheblave et alors qu’ils avaient

reconnu l’existence d’une haute montagne inconnue, chargée de glaciers, en arrière du Mont-Perdu […] l’idée [Leur] vint d’ajouter aux joies salubres des courses alpestres un travail de relèvements et la création d’une carte du massif calcaire [puisque] aucune carte géographique ne retraçait, même d’une façon élémentaire, les lignes générales du Mont-Perdu⁶.

Schrader commence donc les relevés, grâce à l’orographe, un instrument de son invention,

aussi simple dans son principe que peu encombrant [qui] consiste essentiellement en une lunette, mobile autour d’un axe vertical, montée sur une planchette et pouvant prendre toutes les inclinaisons. Le grand mérite de Schrader, c’est d’avoir imaginé un dispositif qui permet à un curseur, muni d’un crayon, de reproduite en sens inverse les moindres mouvements de la lunette : le graphique que l’on peut ainsi obtenir, en visant d’une station déterminée les principaux points de l’horizon, constitue, comme il est facile de s’en rendre compte, la perspective rayonnante, projetée sur un plan horizontal, du panorama correspondant⁷

Avec l’orographe, « Schrader, en véritable autodidacte, s’est constitué une méthode toute personnelle de Topographie, parfaitement adaptée à son tempérament d’artiste, au caractère du pays qu’il avait à lever et aux circonstances au milieu desquelles il devait poursuivre son œuvre⁸ ». À la fin du XIX^e siècle la topographie avait encore « des adeptes parmi les savants privés⁹ ».

La première carte de Schrader, en 1874, est celle du massif du Mont-Perdu.

Si, pour l’occasion, il se fait assister de Lourde-Rocheblave pour le relevé des données proprement géographiques, il s’occupe lui-même du dessin cartographique et de sa gravure.

Le Mont-Perdu est le massif pyrénéen préféré de Schrader qui lui consacre plusieurs autres cartes dans les décennies qui suivent, par exemple l’esquisse du versant méridional 1876¹⁰ ou celle de 1888 réalisée pour le Guide Joanne des Pyrénées.

L’échelle est différente, elle est orientée de façon classique et elle signale les sentiers pour les randonneurs ; elle est cette fois-ci entièrement due à Schrader.

D’autres cartes suivent notamment celle de 1914, au 1/ 20 000, qui donne davantage d’importance au massif de Gavarnie, et renseigne aussi bien sur l’état des chemins pour les voyageurs que sur la façon dont elle a été conçue par Schrader¹¹.

Si le Mont-Perdu a sa préférence, il s’intéresse aussi à d’autres massifs : ce qu’il veut avant tout c’est mieux faire connaître les Pyrénées dans leur ensemble, y compris en mettant à l’honneur les travaux des autres. Ainsi le cartouche de sa Carte d’ensemble des Pyrénées d’après les connaissances actuelles au 1/ 800 000 précise toutes les sources sur lesquelles il s’est appuyé :

La partie française a été dessinée principalement d’après les cartes du Dépôt de la Guerre et la Carte au 500 000^e du Dépôt des Fortifications. Pour la partie espagnole, l’auteur s’est servi de ses propres travaux dans la partie centrale de la Chaîne, entre les Rios Gallege et Noguera de Cardos, et jusqu’au parallèle de 42°20’. Au sud de ce parallèle, il a sourtout suivi la carte en cours d’exécution construite par M^r. le Commandant du Génie F. Prudent d’après les observations et itinéraire de M. le Cte de St. Saud ; entre les Rios Gallego et Ezca, la Carte au 150 000^e de M. E. Wallon. Aux deux extrémités de la Chaîne, il a suivi les indications des cartes au 200 000^e du Colonel D. Fr^co Coello¹².

Une production multiple

La production pyrénéiste de Schrader ne se limite pas aux cartes. Le second volume de Pyrénées propose une sélection de ses articles¹³ qui montre, outre son attachement aux Pyrénées, une vaste curiosité, que vient confirmer dans le même volume une bibliographie qui occupe une trentaine de pages¹⁴. On y découvre par exemple ses collaborations à La République Française, journal de Gambetta, au Bulletin de la Société de géographie, à la Revue mensuelle de l’École d’Anthropologie de Paris, à quoi il faut bien sûr ajouter son importante production dans les revues du Club Alpin Français et dans d’autres publications « montagnardes », en quoi consiste l’essentiel de son activité de géographe qui arpente (à entendre ici dans les deux sens du terme, celui qui parcourt et celui qui mesure) les Pyrénées. Mais il joue aussi un rôle important dans les milieux de l’édition : en 1877 il fait « son entrée chez Hachette¹⁵ » où il travaille pendant plusieurs décennies en publiant, souvent en collaboration avec Louis Gallouédec ou Henri Lemonnier, des atlas et des manuels de géographie qui connaîtront de nombreuses rééditions ; il participe aussi activement aux guides Joanne, qui deviendront les guides bleus, en mettant à jour la cartographie, les illustrations ou en rédigeant une nouvelle introduction pour le volume consacré aux Pyrénées. Il collabore aussi, toujours chez Hachette, à la monumentale Nouvelle géographie universelle d’Élisée Reclus, avec des dessins d’après photographie, pour lesquels il délaisse les Pyrénées, mais pas les reliefs, en proposant par exemple une vue du mont Fuji  ou de fjords norvégiens

Car Franz Schrader est aussi, comme le laisse deviner la qualité de ses tours d’horizon orographiques (voir par exemple le Pic de Malibierne ou la Picade) et de ses productions cartographiques, un dessinateur, aquarelliste et peintre.

Dans ce domaine également, il est autodidacte… C’est ainsi que « la prise de “notes” à l’aquarelle¹⁶ » lui est utile pour la préparation de ses travaux cartographiques sur le terrain : « Indépendante et complémentaire de l’activité topographique, la pratique de l’aquarelle est liée au plaisir, à la contemplation, au repos, à la plénitude du sentiment du beau¹⁷ ». Il ne s’intéresse pas qu’aux Pyrénées, puisque certaines de ses aquarelles illustreront en 1948 l’ouvrage La Chaîne du Mont-Blanc :

Signe de la reconnaissance dont il bénéficie, il est le premier président de la Société des peintres de montagne, fondée en 1898. Il est présenté ainsi dans l’Annuaire de la Société des peintres de montagne en 1931:

Franz Schrader, un savant géographe et, tout à la fois, un alpiniste éprouvé et un grand artiste. À sa connaissance parfaite de la structure de la Montagne s’ajoutent une émotion élevée, une large poésie et on a pu dire avec raison qu’il avait eu deux maîtres : “la Nature et Puvis de Chavannes”¹⁸.

Le renouveau de la géographie

Autodidacte, Schrader n’est plus considéré, au vu de la qualité et de la variété de ses travaux, comme un simple amateur. Il est devenu un véritable géographe, désormais reconnu : lui « qui, par principe, n’essaya jamais d’obtenir un diplôme officiel, se vit offrir un poste d’enseignant dans une institution privée, l’École d’Anthropologie de Paris¹⁹ ». La chance de Schrader est d’être arrivé « dans une période d’engouement extraordinaire pour la géographie. En tant que discipline universitaire, elle n’est pas encore constituée²⁰ ». On date en effet généralement de la défaite de 1870 l’origine de l’École française de géographie :

Après la guerre, quand il devint clair que de nombreux officiers Français étaient incapables de lire les cartes topographiques et ne possédaient pas une bonne connaissance des régions dans lesquelles ils se battaient, le sentiment que l’enseignement de la géographie devait être amélioré se généralisa. Dans l’esprit de la gauche de l’époque, nationaliste et républicaine, il pouvait aider au redressement et au prestige de la France. L’enseignement de la géographie à des écoliers était conçu pour former des citoyens et pour fortifier leur patriotisme²¹.

C’est de cet état d’esprit dont bénéficie Schrader qui arrive chez Hachette

dans une période d’engouement extraordinaire pour la géographie. En tant que discipline universitaire, elle n’est pas encore constituée. Très vite ses fonctions de directeur de la cartographie chez Hachette amènent Schrader à jouer un rôle bien particulier dans le renouveau de la géographie française²².

Schrader lui-même revient quelques années plus tard sur cette période charnière pour la discipline :

L’enseignement de la géographie s’est non seulement modifié mais transformé depuis une vingtaine d’années. L’élan patriotique qui a suivi la guerre de 1870 a été pour nous, Français, la cause la plus apparente de cette transformation, et l’on pourrait dire, sans trop exagérer, que c’est bien plus sous l’impression d’un sentiment que sous la direction d’un ensemble d’idées méditées que la science géographique a pris dans nos programmes la large place qu’elle y occupe aujourd’hui²³

C’est dans ces circonstances qu’est créé en 1874 le Club Alpin Français, qui fit beaucoup pour populariser la géographie à partir des excursions en montagne et dont Schrader fut un membre éminent, notamment par les nombreux articles qu’il a fait paraître dans les revues publiées par l’association. C’est aussi lui qui lui donna sa devise « Pour la Patrie, par la Montagne » qui devait illustrer « l’idée patriotique et généreuse à laquelle avaient obéi les fondateurs du Club, en vue du relèvement moral et du développement physique de la jeunesse français²⁴ ».

Que ce soit par son rôle prépondérant au sein du C.A.F., par ses travaux cartographiques, les nombreux ouvrages pédagogiques auxquels il a participé ou son abondante production scientifique, Schrader a fait partie de ce vaste mouvement de renouveau et de diffusion de la géographie française à fin du XIX^e siècle : il a fait tout ce qu’un géographe pouvait faire en France à son époque.

***

À sa mort Schrader est qualifié de « plus original, peut-être, des géographes français contemporains²⁵ » ; Vincent Berdoulay le classe parmi « les géographes en position marginale²⁶ ». C’est que, bien que reconnu par ses pairs il évolue pour l’essentiel en dehors du monde de la géographie universitaire : un peu comme son cousin Élisée Reclus il reste à part des circuits officiels. Il a une approche d’abord sensible et esthétique de la géographie : son article « À quoi tient la beauté des montagnes » n’est pas sans évoquer l’Histoire d’une montagne d’Élisée Reclus (Paris, Hetzel, 1880). Il y fait l’éloge des « savants-poètes²⁷ », catégorie dont on sent bien que, n’était sa modestie, il souhaiterait se faire figurer lui-même.

Cela n’enlève rien à la qualité scientifique et à la rigueur de ses travaux, qu’il s’agisse de ses cartes ou de ses articles, ni à la pertinence de son regard sur les problématiques de son époque : comme Reclus qui regrette de voir les chemins de fer à l’assaut des montagnes²⁸, Schrader s’attriste des funiculaires et des hôtels construits sur les sommets qui, au prétexte de rendre la montagne accessible à tous, l’appauvrissent : « gâter un lieu admirable, parce qu’il est admirable ; prendre prétexte de la beauté pour la détruire, n’est-ce pas un pêché véritable contre ce qu’il y a de plus élevé dans l’humanité²⁹ ». S’il a œuvré pour la connaissance de la montagne et souhaité qu’elle puisse profiter au plus grand nombre (« la montagne doit attirer non seulement les isolés, les robustes, les forts, capables des plus rudes victoires, mais aussi dans une large mesure les familles, les enfants, les faibles, qui y trouveront la force³⁰ » ) il s’inquiète de ce que cela se puisse se faire au détriment de la montagne elle-même. Plus qu’un regard de géographe, il continue de poser la montagne le regard du pyrénéiste sentimental qu’il a voulu rester : « lorsqu’une montagne vous a pris le cœur, c’est une passion véritable ; tout en vient et tout y ramène³¹ ».

Pour aller plus loin :

• BERDOULAY, Vincent, La Formation de l’école française de géographie : 1870-1914, Paris, Bibliothèque nationale, 1981. Nouvelle édition en 1995.
• DUPEYRE, Michel, Petite histoire de Franz Schrader, Morlaàs, Cairn, 2024.
• MARGERIE, Emmanuel de, « L’œuvre géographique de Franz Schrader », dans Compte rendu du Congrès international de géographie. Avril 1925, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1925, t. 2, p. 37-51.
• SAULE-SORBÉ, Hélène (dir.), Franz Schrader (1844-1924) : l’homme des paysages rares. Pau, Pin à crochets, 1997.
• SCHRADER, Franz, Pyrénées, Toulouse, Édouard Privat ; Paris, Henri Didier, 1936. 2 vol.

Sur l’orographe :

• SCHRADER, Franz, Note sur l’orographe et sur la méthode graphique de levers employée dans les Pyrénées, Paris, G. Chamerot, 1885. Une explication détaillée du fonctionnement de l’orographe
• SAULE-SORBÉ, Hélène, Orographes, Serres-Castet, éditions de Faucompret, 1994. Aquarelles inspirées des 24 orographes de Schrader « publiés à raison de deux ou trois par numéro, du Bulletin Pyrénéen n° 111 d’avril-mai 1912 ou n° 124 de juillet-août 1914 »

Sur le carnet L’Histoire à la BnF

Retrouvez l’article sur les 150 ans du Club alpin français.

Et sur Gallica:

Découvrez la sélection de Gallica sur la naissance de la géographie française.

1. Emmanuel de Margerie, « L’œuvre géographique de Franz Schrader », dans Compte rendu du Congrès international de géographie. Avril 1925, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1925, t. 2, p. 37. [↩]
2. Henri Béraldi, Cent ans aux Pyrénées, Paris, L. de Danel, vol. 4, p. 156. [↩]
3. Franz Scharder, Pyrénées, Toulouse, Édouard Privat et Paris, Henri Didier, 1936, vol. 1 : « Courses et ascensions ». [↩]
4. Hélène Saule-Sorbé (dir.), Franz Schrader (1844-1924): l’homme des paysages rares, Pau, Pin à crochets, 1997, vol. 1, p. 42. [↩]
5. Henri Béraldi, Cent ans aux Pyrénées, op. cit., p. 116. [↩]
6. F. Scharder, Pyrénées, op. cit., vol. 1, p. 60. [↩]
7. E. de Margerie, « L’œuvre géographique de Franz Schrader », art. cit., p. 40. [↩]
8. Ibid., p. 42. [↩]
9. Ibid. [↩]
10. Franz Schrader, « Le massif du Mont-Perdu, exploration nouvelle », Annuaire du Club alpin français, Troisième année (1876), pl. hors texte entre les p. 64-65. [↩]
11. Franz Schrader, Massif de Gavarnie et du Mont Perdu, Paris, Club alpin français, 1914. [↩]
12. Franz Schrader, Carte d’ensemble des Pyrénées, Paris, Hachette, 1886, tirée pour le Guide Joanne des Pyrénées [↩]
13. Voir table des matières dans F. Scharder, Pyrénées, op. cit., vol. 2 : « Science et art », p. 461. [↩]
14. Ibid., p. 387-411. [↩]
15. H. Saule-Sorbé, Franz Schrader…, op. cit., p. 53. [↩]
16. Ibid., p. 297. [↩]
17. Ibid. [↩]
18. Henry Cuënot, Annuaire de la Société des peintres de montagne, Paris, Cercle de la librairie, 1931, p. 5. [↩]
19. V. Berdoulay, La Formation…, op. cit., p. 171. [↩]
20. H. Saule-Sorbé, Franz Schrader…, op. cit., p. 205. [↩]
21. V. Berdoulay, La Formation…, op. cit., p. 28. [↩]
22. H. Saule-Sorbé, Franz Schrader…, op. cit., p.205. [↩]
23. Franz Schrader, Quelques mots sur l’enseignement de la géographie, Paris, Hachette, 1892, p. 1. [↩]
24. Achille Escudié, « Chronique du Club alpin français. Direction centrale. Rapport annuel », Annuaire du Club alpin Français, Trentième année (1903), p. 574. [↩]
25. E. de Margerie, « L’œuvre géographique de Franz Schrader », art. cit., p. 37. [↩]
26. V. Berdoulay, La Formation…, op. cit., p. 171. [↩]
27. Franz Schrader, « À quoi tient la beauté des montagnes », Annuaire du Club alpin Français, Vingt-cinquième année (1898), p. 566. [↩]
28. Élisée Reclus, Histoire d’une montagne, Paris, Hetzel, 1880, p. 243. [↩]
29. Franz Schrader, « À quoi tient la beauté des montagnes », art. cit., p. 576. [↩]
30. Ibid., p. 574. [↩]
31. Franz Schrader, Pyrénées, op. cit., vol. 1, p. 60. [↩]

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