La Russie

L’Empire russe s’effondra en 1917. À la suite de la Révolution de février, le tsar Nicolas II abdiqua le 2 mars en faveur de son frère le grand-duc Michel, qui abandonna à son tour le trône le lendemain. Tous deux furent par la suite assassinés au cours de l’été 1918.

En conséquence, la Russie fut la première grande puissance à sortir du conflit mondial. L’empire de Russie, fondé en 1721 par Pierre le Grand, s’acheva donc après un peu moins de deux siècles d’existence, et avec lui prit fin l’héritage des princes de Moscovie qui se donnaient le titre de tsar depuis le XVI^e siècle. Cet héritage fut d’ailleurs soigneusement supprimé pour ses symboles les plus visibles, comme le montrent les célèbres photographies de la statue d’Alexandre III, décapitée et démantelée devant la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou.

La république de Russie fut proclamée le 14 septembre 1917, avant d’être renversée par la révolution bolchevique d’octobre. L’arrivée au pouvoir des bolcheviks en Russie est déterminante afin de comprendre la difficile sortie de guerre, car elle a conditionné en grande partie les décisions des Quatre Grands quant aux nouvelles frontières, afin de prévenir le risque de contagion bolchevique en Europe, et elle servit en outre de modèle à plusieurs révolutions socialistes, notamment en Allemagne ou en Hongrie. La révolution russe entraîna également l’indépendance de facto de plusieurs anciens territoires de l’empire. Les frontières de la Russie se trouvèrent par conséquent rapidement modifiées. La Russie vit dès novembre 1917 des territoires prendre leur indépendance, à savoir la Finlande, qui bénéficiait déjà d’une certaine autonomie, la Géorgie et l’Ukraine, puis en 1918 elle se vit contrainte de reconnaître l’indépendance des pays baltes.

D’alliée avant octobre 1917, la Russie désormais bolchevique était devenue ennemie pour les Alliés, qui redoutaient de voir le communisme s’étendre en Europe. En 1921, le réseau d’espionnage et de propagande soviétique était ainsi présenté comme une menaçante toile d’araignée recouvrant l’Europe.

La révolution d’octobre 1917 fut suivie de plus de trois années de guerre civile, dont la Russie sortit ruinée, et sa population décimée et affamée. Jusqu’en 1921, trois à quatre fois plus de Russes furent tués dans cette guerre civile que durant les affrontements de la Grande Guerre avant 1917. En 1919, la vie quotidienne des Russes était décrite comme chaotique à Moscou et Pétrograd (Saint-Pétersbourg) du point de vue français, et toujours aussi difficile en 1921.

Outre l’affrontement entre Rouges (bolcheviks) et Blancs (contre-révolutionnaires) qui est fréquemment évoqué, il est nécessaire de rappeler que deux autres factions existaient lors de cette longue guerre civile russe, celle des Verts, un mouvement paysan rejetant à la fois Rouges et Blancs, et celle des Noirs, troupes anarchistes et paysannes qui combattaient parfois aux côtés des Rouges, tout en refusant leur modèle étatique. La guerre civile fut le théâtre d’innombrables exactions de part et d’autre contre la population paysanne, ainsi que de nombreux pogroms, les Juifs étant assimilés à des communistes par les uns et au capitalisme et à la bourgeoisie par les autres.

La contre-révolution des Russes blancs

La contre-révolution des Russes blancs s’organisa tout d’abord dans le sud de la Russie, notamment autour du général Wrangel à partir de 1919, mais dans un premier temps la menace pour le régime bolchevik vint de la légion tchèque qui combattait depuis 1915 auprès de l’armée russe. Sous l’impulsion de la France et de la Grande-Bretagne, qui souhaitaient voir les bolcheviks être renversés en Russie, la légion tchèque se révolta dès le mois de mai 1918, et s’empara du transsibérien. Moscou perdit ainsi le contrôle de la Sibérie. L’amiral Koltchak installa l’un des quartiers généraux des Russes blancs à Omsk, tandis que des troupes japonaises se déployaient en Sibérie orientale avec des visées d’annexion. Au début de l’année 1920, la possibilité d’une occupation japonaise de la Sibérie était toujours d’actualité. Jusqu’à ce que les Tchèques se démobilisent en 1920, les bolcheviks ne contrôlaient plus que l’ancienne région de Moscovie en Russie.

Face aux glorieux généraux et amiraux des Russes blancs, présentés dans la presse française comme de véritables héros providentiels, des saint Michel ou des saint George pourfendant la bête immonde, l’ennemi bolchevik était quant à lui représenté sous la forme d’une pieuvre, d’un ogre ou d’un monstre pyromane.

Outre leur débarquement en Sibérie dès 1918, à Vladivostok, afin de soutenir les Russes blancs, les Alliés débarquèrent également dans le nord de la Russie en 1919, à l’exemple des Français, et des Britanniques sur la côte mourmane, notamment à Petchenga. L’avancée des troupes alliées dans le nord de la Russie fut également l’occasion d’évoquer dans la presse française la famine qui sévissait en Russie, par exemple à Arkhangelsk. Une intervention internationale fut organisée afin de venir en aide aux populations, notamment de la part des États-Unis. Si Moscou était simplement décrite comme « ne respirant pas la prospérité » en mai 1919, les articles français condamnèrent par la suite bien plus sévèrement le régime bolchevique. Outre le contexte de la famine et de la misère, la Russie soviétique était décrite comme vivant dans la terreur, voire à l’agonie dans cet article du 23 mai 1920.

Les forces françaises étaient également venues soutenir les Russes blancs dès 1918 en mer Noire. Odessa et Sébastopol durent néanmoins être évacuées par les Français en 1919 face aux mutineries de la mer Noire. Les troupes françaises connurent en effet une série de révoltes de marins, issues non pas uniquement d’un mouvement communiste au sein de l’armée française, mais surtout en lien avec le mécontentement lié aux conditions sociales et économiques après l’armistice. Ces mutineries se prolongèrent d’ailleurs dans les ports de guerre français à Brest, Cherbourg, Bizerte, Lorient et Toulon.

L’échec de la contre-révolution

Les forces contre-révolutionnaires du général Dénikine s’emparèrent en septembre 1919 du Donbass et de la Crimée, et prirent les villes de Kiev, Odessa, Tsaritsyne (Volgograd) ou encore Kharkov. Elles durent néanmoins se retirer le mois suivant face aux forces ukrainiennes de Nestor Makhno, allié aux bolcheviks. Après l’espoir déçu en octobre 1919 d’une prise par les Russes blancs de Petrograd, berceau de la révolution bolchevique, la déroute des troupes sibériennes de l’amiral Koltchak à la fin de l’année 1919 confirma la fin des espoirs que les Alliés avaient pu placer dans la contre-révolution. Outre la tentative de mutinerie avortée par le général tchèque Gadja le 17 novembre 1919, le typhus et la faim lors de l’hiver 1919-1920 eurent finalement raison des troupes des Russes blancs en Sibérie, qui perdirent également définitivement le soutien des Alliés. L’amiral Koltchak fut d’ailleurs arrêté par des soldats tchécoslovaques, déclarant obéir aux ordres du général français Maurice Janin chargé de la mission militaire française en Russie, et livré aux soviétiques.

Le général Wrangel demeurait alors l’un des derniers espoirs de la contre-révolution. Malgré quelques succès en septembre 1920, l’armée de Wrangel connut des revers et se replia vers la Crimée en novembre. Face à l’avancée de l’Armée rouge sur le front sud, la flotte de Wrangel dut évacuer la Crimée en novembre 1920, avec à son bord à la fois des militaires et des civils. Ses navires de guerre finirent par être vendus à Marseille pour être démantelés en 1923.

Les Blancs n’étaient pas parvenus à se coordonner, ils étaient en outre demeurés divisés entre eux et leur attachement à la restauration d’une Russie aux frontières semblables à celles de l’empire les amenèrent à refuser de s’allier aux Finlandais, aux Ukrainiens, aux Estoniens ou aux Polonais qui avaient déclaré leur indépendance.

À la suite de l’échec de la contre-révolution, la guerre se poursuivit néanmoins encore du fait de l’offensive de la Pologne contre la Russie, avec pour objectif d’étendre ses frontières orientales, jusqu’à l’armistice de septembre 1920 puis la paix de Riga de 1921, à l’issue de laquelle la Pologne intégra une partie de la Lituanie (Vilnius notamment), de l’Ukraine (Ternopil) et une grande partie de la Biélorussie. L’éphémère République populaire de Biélorussie, proclamée à Minsk le 25 mars 1918, avait quant à elle été conquise par la Russie en janvier 1919.

Ce ne fut qu’en 1921, après que l’Armée rouge eut réprimé extrêmement violemment, sur le territoire qu’il lui restait, les mouvements insurrectionnels, dont celui des Verts, que la paix fut rétablie, au prix d’une Russie fragilisée et épuisée par les famines et les épidémies. La révolte des marins de Kronstadt fut ainsi le dernier mouvement important de contestation qu’eut à affronter le régime soviétique en mars 1921, les derniers révoltés survivants se réfugiant notamment en Finlande.

Malgré l’apparent affaiblissement de la Russie, l’Armée rouge représentait toujours un danger bien vivace, sur lequel revenait régulièrement la presse française. L’accord germano-soviétique de Rapallo du 16 avril 1922, qui permit à l’Allemagne de se réarmer, ce qui constituait d’ailleurs une violation du traité de Versailles, inquiéta la France. Le spectre d’un nouveau danger germano-soviétique d’un point de vue militaire aviva d’autant plus l’intérêt pour la situation de l’Armée rouge. La Pologne, alliée de la France, était alors perçue comme l’une des premières cibles potentielles d’une alliance entre l’Allemagne et la Russie.

L’idée d’un danger permanent représenté par le communisme pour les Quatre Grands continua par conséquent à présider à nombre de leurs décisions, cette inquiétude ne concernait d’ailleurs pas que l’Europe. La Perse (Iran actuel) connut notamment de juin 1920 à septembre 1921 une République socialiste soviétique perse dans la province du Gilan, établie avec l’appui de l’Armée rouge. De janvier à mars 1922, en Afrique du Sud, une grève de mineurs afrikaners soutenue par les communistes fut quant à elle réprimée violemment par le gouvernement du dominion sud-africain.

L’Europe du Nord anciennement russe : une nouvelle indépendance fragile, entre guerres nationales et civiles

La Finlande

La Finlande, qui bénéficiait déjà d’une certaine autonomie sous le régime impérial russe, proclama son indépendance en décembre 1917, celle-ci étant reconnue par la Russie bolchevique. La Finlande entra alors dans une période de guerre civile : « L’anarchie sévit en Finlande ». La division était à la fois politique, entre le gouvernement conservateur et le mouvement révolutionnaire soutenu par les syndicats, et géographique, entre le sud plus urbanisé et favorable aux socialistes, et le centre et le nord plus ruraux et conservateurs. Le gouvernement conservateur organisa une armée nationale sous le commandement du général Mannerheim.

Deux gouvernements furent mis en place dans le pays, le gouvernement conservateur parvint toutefois à reprendre le contrôle du pays avec l’aide de l’Allemagne, qui traitait la Finlande comme un nouveau protectorat. La défaite de l’Allemagne en 1918 déboucha sur l’élection d’un nouveau gouvernement libéral.

Les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie)

Pendant des siècles, la Courlande et la Livonie servirent de butin de guerre entre la Prusse, la Pologne, la Suède et la Russie. Ces territoires, qui commencèrent à être connus en tant que « pays baltes » à partir des années 1920, étaient composés de populations très diverses du fait des dominations successives qu’ils avaient connues. La Lituanie avait quant à elle fait partie de la puissante république des Deux Nations du XVI^e au XVII^e siècle, à la suite de l’union du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie.

Des élites allemandes vivaient dans les grandes villes baltes, remontant pour certaines aux anciennes lignées des chevaliers teutoniques et aux puissantes familles marchandes de la ligue hanséatique. Elles conservaient depuis des siècles le pouvoir économique, tandis que le pouvoir administratif était détenu par des Russes au sein de l’Empire russe.

L’Allemagne conservait des projets d’annexion concernant ces territoires durant la Première Guerre mondiale, dans le cadre du projet pangermaniste d’un Baltikum, semblable au projet des chevaliers teutoniques d’une colonisation allemande parmi une population balte qui leur serait inféodée. Si l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie déclarèrent leur indépendance au début de l’année 1918, elles étaient de fait sous la tutelle de l’Allemagne, ce que consacrèrent le traité de Brest-Litovsk en mars 1918 entre l’Allemagne et la Russie bolchevique, puis l’élection d’un prince allemand, Guillaume d’Urach, comme roi de Lithuanie sous le nom de Mindaugas II (juillet 1918). La défaite de l’Allemagne rendit néanmoins ce traité caduc, et entraîna le déploiement de troupes russes. La Russie récupéra le contrôle de l’Estonie en décembre 1918, puis celui de la Lettonie et de la Lituanie en janvier 1919. Cet article de juin 1919 dénonça la famine, attribuée aux Russes, dans l’actuelle Liepāja lettone.

Par crainte d’une contagion bolchevique, les Alliés exigèrent que les Allemands continuent d’occuper une partie de la Lituanie. La présence de troupes allemandes en Lettonie était également décrite comme un rempart contre le bolchevisme. L’armée allemande, sous le commandement du général von der Goltz, n’en resta pas là, et renversa en mai 1919 le gouvernement letton puis marcha sur l’Estonie. L’avancée des troupes allemandes dans les pays baltes suscita l’inquiétude en France. Les combats dans les pays baltes étaient un nouvel exemple du « Pourquoi et comment la guerre se continue dans la paix ». Ce dernier article mentionna la création d’une Ligue des pays baltes entre la Finlande, l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie afin de se défendre contre les attaques dont ces pays étaient l’objet. Les forces estoniennes, lettonnes et alliées parvinrent à repousser les troupes allemandes définitivement en novembre 1919.

La Lituanie dut en outre faire face aux assauts de la Pologne, qui annexa Vilnius en avril 1919. La Lituanie envahit quant à elle l’ancien territoire prussien et germanophone de Memel en janvier 1923, sans véritable réaction de la France qui administrait pourtant la région, mais qui était alors avant tout préoccupée par sa propre occupation de la Ruhr, cette annexion lituanienne étant confirmée l’année suivante.

À la suite de l’armistice entre l’Estonie et la Russie en janvier 1920, la Russie concéda définitivement leur indépendance à la Finlande, à la Lituanie et à la Lettonie au cours de l’année 1920. Cette paix relative n’empêcha néanmoins pas les troupes finlandaises de tenter, en vain, en 1921 de reprendre la Carélie orientale à la Russie, les tentatives devant la Cour permanente de justice internationale n’ayant guère plus de succès que les opérations militaires.

Les peuples abandonnés

Les Ukrainiens

À partir de 1917, le territoire ukrainien fut l’objet à la fois d’une guerre civile et d’un triple conflit avec l’Allemagne, la Pologne et la Russie.

Même si les Ukrainiens purent être encore décrits comme des alliés de l’Entente en 1917, en opposition à la nouvelle Russie bolchevique, les revendications nationalistes ukrainiennes ne reçurent pas le soutien des Alliés, à la différence de celles des pays baltes. La crainte d’une contagion bolchevique dans une Ukraine indépendante était alors très forte. Les revendications ukrainiennes, sur la base du droit des peuples, étaient comparables à celles de leurs voisins, comme l’indique ce document de 1919 consacré à « L’Ukraine dans ses frontières suivant le principe ethnographique ».

Dès novembre 1917, le pays, devenu une république autonome à la suite de la chute de l’Empire russe, était divisé entre une république nationale à Kiev et une république soviétique à Kharkov. La Russie ne reconnut pas l’indépendance de l’Ukraine et tenta de la reconquérir par la force dès décembre 1917, ce qui amena Kiev à s’allier à l’Allemagne pour repousser les forces russes. Les Ukrainiens furent par conséquent considérés comme des alliés de l’Allemagne par les vainqueurs en 1918. Le traité de Brest-Litovsk du 3 mars 1918 entre l’Allemagne et la Russie était censé entériner la rupture entre l’Ukraine et la Russie, cette dernière le dénonça dès la capitulation allemande en novembre et entama la reconquête militaire de l’Ukraine et de la Biélorussie.

L’Ukraine fut pendant plusieurs années le théâtre d’affrontements entre plusieurs forces : armées des bolcheviks et des Russes blancs, armée ukrainienne de Petlioura, armée insurrectionnelle de l’anarchiste ukrainien Makhno, et cosaques qui combattirent successivement pour l’un ou l’autre camp. Kiev fut prise, perdue et reprise une douzaine de fois entre 1917 et 1921. De nombreux pogroms furent également commis en Ukraine durant cette période.

L’Armée rouge parvint à progresser en Ukraine, notamment car la France, qui avait des troupes présentes à Odessa et Sébastopol, soutenait les Russes blancs et non les Ukrainiens, dans le vain espoir d’empêcher les bolcheviks de s’emparer de l’Ukraine.

Les Ukrainiens finirent également par être contraints de traiter avec la Pologne, le traité de Varsovie du 22 avril 1920 reconnaissant à la Pologne la possession de la Galicie orientale et de la Volhynie, autrement dit de l’Ukraine occidentale. Le traité de paix de Riga du 18 mars 1921 partagea quant à lui ce qu’il restait du territoire ukrainien entre la Pologne et la Russie, ce fut donc la fin d’une république ukrainienne autonome.

Les Arméniens

Du fait de la guerre civile russe, la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie russes se retrouvèrent indépendantes au printemps 1918. Les Turcs reconnurent au Conseil national arménien un territoire en juin 1918, tout en massacrant les Arméniens de Bakou le mois suivant. L’armée britannique s’installa finalement à Bakou à partir du mois de septembre, l’armée soviétique reprenant par la suite définitivement la ville en avril 1920. La pérennité de ces nouvelles républiques du Caucase était donc plus qu’incertaine.

La République d’Arménie proclamée le 28 mai 1918 accueillit un grand nombre de réfugiés, et la défaite ottomane en octobre 1918 leur permit de s’agrandir dans les districts de Kars et d’Ardahan. Des cartes de ce à quoi correspondrait l’Arménie avaient été dressées en 1919, en fonction des revendications arméniennes. 

Malgré les déclarations des Alliés sur la nécessité d’une Arménie indépendante du fait du génocide des Arméniens par la Turquie depuis 1915, le projet d’une grande Arménie n’était pas reconnu par les Alliés qui voulaient conserver les bonnes grâces des Russes blancs, ceux-ci souhaitant rebâtir une Russie équivalente à celle de l’Empire russe. Face à l’échec de la contre-révolution des Russes blancs, la République arménienne fut finalement reconnue en août 1920 par le traité de Sèvres, alors qu’elle était déjà assiégée par les Russes et les Turcs.

Dès le mois d’avril 1920, la Turquie kémaliste s’était tournée vers la Russie bolchevique afin d’obtenir un financement et des armes, en échange d’une aide pour que Moscou puisse reprendre le Caucase. L’Azerbaïdjan était déjà repassé sous contrôle russe le 28 avril. En septembre, l’Arménie fut attaquée à l’ouest par la Turquie. Afin d’éviter de nouveaux massacres, l’Arménie signa un traité avec la Russie le 28 octobre, elle perdit son indépendance, et la République soviétique d’Arménie fut proclamée le 2 décembre 1920. En février 1921, la Russie reprit également le contrôle de la Géorgie. À cette date, il n’existait plus d’États libres au Caucase, ce qui fut entériné le 16 mars 1921, lorsque la Turquie kémaliste et la Russie soviétique reconnurent par le traité de Moscou leurs frontières mutuelles.

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Pour aller plus loin :

• LE NAOUR, Jean-Yves, 1919-1921 : sortir de la guerre, Paris, Éditions de Noyelles, 2021
• À l’Est la guerre sans fin, 1918-1923 [exposition, Paris, Musée de l’Armée, 5 octobre 2018-20 janvier 2019], Paris, Gallimard : Musée de l’Armée, 2018
• VERLUISE, Pierre, « Après 1914-1918 : une Europe redessinée par les traités », Constructif, 2019/1 (n° 52), p. 5-9. Article présentant une carte consacrée aux frontières européennes, d’après les traités, en 1923. Consultable en ligne sur Cairn dans les salles de la BnF à partir de la banque de liens.
• Dossier documentaire réalisé par La Contemporaine – Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains : La famine en Russie 1920-1922 et l’aide internationale aux affamés.
• Article du carnet L’Histoire à la BnF : « Les pays baltes dans l’entre-deux-guerres : reconnaissance et indépendance au miroir de l’histoire ».
• Texte téléchargeable de la conférence du 22 mai 2023 à l’Inalco consacrée aux frontières de l’Ukraine, dans le cadre du cycle de conférences L’Ukraine : affirmation et reconnaissance d’une nation, organisé par l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (Bulac).

 Tous les articles de la série « Sortir de la guerre »

• Introduction – Conflits multiples, fins d’empires et nouvelles frontières : la longue et difficile sortie de guerre après 1918
• Partie 1 – Russie, Europe du Nord, Ukrainiens et Arméniens
• Partie 2 – L’Allemagne : la difficile stabilisation du « Reich de Weimar »
• Partie 3 – Autriche, Hongrie, Tchécoslovaquie et Yougoslavie : la Mitteleuropa après les Habsbourg
• Partie 4 – Pologne et Roumanie : des vainqueurs ambitieux en Europe
• Partie 5 – Turquie et Proche-Orient

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