L’Autriche

L’empereur d’Autriche-Hongrie, Charles I^er, fut contraint de se retirer mais refusa d’abdiquer en novembre 1918. Après un premier exil en Suisse, et l’échec de ses deux tentatives de restauration sur le trône en 1921, tout d’abord en mars lorsqu’il se rendit en Hongrie, puis en octobre, ce qui provoqua des affrontements militaires en Hongrie, l’ancien empereur finit sa vie dans l’indigence, en exil avec sa famille à Madère.

Le traité de Saint-Germain-en-Laye, signé le 10 septembre 1919, entérina, lors de son entrée en vigueur le 16 juillet 1920, la disparition de l’empire austro-hongrois et la fin du règne des Habsbourg. L’objectif de la diplomatie française était d’abattre définitivement l’Autriche impériale. Les nouveaux États yougoslaves et tchécoslovaques devaient la contenir et éviter toute reconstitution de son ancienne sphère d’influence.

L’empire d’Autriche-Hongrie, désormais disloqué, avait duré un peu plus d’un siècle, mais sa chute marqua la fin de l’une des plus anciennes dynasties régnantes en Europe, comparée dans cet article à la lignée mythologique des Atrides. La lignée des Habsbourg remontait au Moyen Âge et avait monopolisé le trône, pourtant électif, du Saint-Empire romain germanique de 1438 à 1806 – avec une seule interruption de 1740 à 1745. Lorsque François II avait dû abdiquer la couronne du Saint-Empire en 1806, il s’était proclamé empereur d’Autriche, un nouvel empire composé de ses vastes États patrimoniaux d’Autriche, de Bohême, de Hongrie etc.

La république d’Autriche allemande fut proclamée le 12 novembre 1918, la constitution fédérale n’entrant toutefois en vigueur qu’en novembre 1920. Dès le 3 novembre 1918 l’armistice de Villa Giusti avait signé la dislocation de l’empire austro-hongrois. En octobre, l’empereur Charles I^er avait proposé, trop tardivement, une fédéralisation de l’empire. Les Alliés avaient apporté leur soutien dès l’été 1918 aux revendications nationalistes au sein de l’empire. Le Comité national tchécoslovaque avait déjà été reconnu dès l’été 1918 par les Alliés. Les députés polonais préparaient en Galicie, province autrichienne depuis 1772 et issue du partage de la Pologne, la renaissance de l’ancienne Pologne. Un Conseil national des Serbes, Croates et Slovènes se réunissait quant à lui à Zagreb. Le rôle de stabilisation qu’exerçait la vieille monarchie des Habsbourg sur une Europe centrale complexe avait désormais disparu, et plusieurs conflits entre ses anciennes provinces commençaient à émerger.

L’Autriche se trouva après l’armistice de 1918 à la fois ruinée et affamée, car elle ne recevait plus la nourriture et le charbon qui provenaient jusqu’alors de Hongrie et de la Bohême, devenue tchécoslovaque. L’Autriche dut être ravitaillée par exemple par les Britanniques et les Suisses. Si la révolution allemande de 1918-1919 est plus connue, l’Autriche vécut également au printemps 1919, d’avril à juin, trois mois de contexte insurrectionnel, avec des émeutes communistes et une tentative de coup d’État à Vienne. Le mouvement socialiste autrichien demeurait bien existant, mais ne faisait pas autant la Une des journaux français que ceux d’Allemagne, excepté lors de manifestations en lien avec l’actualité politique allemande, à l’exemple du putsch de Kapp. Entre 1918 et 1934, la municipalité de Vienne était social-démocrate, et influencée par le mouvement austromarxiste. La capitale autrichienne fut d’ailleurs surnommée « Vienne la rouge » (Rotes Wien) durant cette période. La situation politique de l’Autriche demeura plus stable que celle de l’Allemagne, en dépit d’une situation économique tout aussi difficile, qui mena notamment à des destructions et des pillages à Vienne le 1^er décembre 1921. L’existence même de l’Autriche en tant qu’État était néanmoins en question. Ce qui restait de l’empire autro-hongrois, et qui se désignait comme « Autriche allemande » (Deutschösterreich) se tourna vers l’Allemagne, avec l’idée d’une réunion des deux pays, un Anschluss. Ce projet fut accueilli très favorablement en Allemagne, mais fut évidemment rejeté par les Alliés, et tout particulièrement par la France. Le Vorarlberg, land situé à l’extrémité occidentale de l’Autriche, se tourna quant à lui vers la Suisse, mais le plébiscite largement en faveur d’un rattachement à la Suisse ne fut pas suivi d’effet, la Suisse ne souhaitant pas envenimer ses relations avec l’Autriche. En 1921, les länder autrichiens du Tyrol et de Salzbourg votèrent en outre pour leur rattachement à l’Allemagne, même si cela ne fut pas plus suivi d’effet.

L’union de l’Allemagne et de l’Autriche fut rejetée par tous les Alliés, et tout particulièrement par la France, même si ce projet se serait justement basé sur le droit de ces peuples germanophones à disposer d’eux-mêmes. En tant que pays vaincus, ce droit ne leur était pas accordé. La France insista d’ailleurs pour que l’Autriche soit nommée non pas Autriche allemande mais Autriche de langue allemande. Lors du traité de Saint-Germain-en-Laye, la France imposa également un article empêchant la réunion de l’Allemagne et de l’Autriche.

Le traité de Versailles réduisit d’autant plus le territoire autrichien. La nouvelle Tchécoslovaquie conservait la Bohême et la Moravie, où vivaient trois millions d’Allemands et le Tyrol du Sud fut annexé par l’Italie, avec sa population germanophone.

Six États profitèrent ou surgirent des décombres de l’empire à l’issue du traité de Saint-Germain-en-Laye :

• La République démocratique hongroise, qui avait été proclamée dès le 16 novembre 1918, considérée comme pays vaincu à l’égal de l’Autriche. 
• La Tchécoslovaquie, indépendante le 28 octobre 1918, et qui réunissait la Bohême, la Moravie et la Silésie autrichiennes, ainsi que la Slovaquie et la Ruthénie subcarpathique hongroises.
• L’État des Slovènes, Croates et Serbes proclamé le 29 octobre 1918, uni le 1^er décembre au royaume de Serbie pour former le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, future Yougoslavie (qui ne porta officiellement ce nom qu’à partir de 1929).
• La Pologne nouvellement recréée le 7 novembre 1918, avec la proclamation de la Deuxième République, incorpora la Galicie.
• Le Royaume de Roumanie récupéra la Bucovine, et à terme intégra également la Transylvanie, le Körösvidek et le Banat oriental.
• L’Italie annexa le Tyrol du Sud, ainsi que l’Istrie, les villes de Fiume et Zadar et des îles dalmates, ce qui créa un nouveau conflit avec la Yougoslavie. Ce dernier fut l’objet de nombreuses publications dans la presse française, notamment sur les revendications italiennes en Dalmatie.

L’Autriche obtint malgré tout la Carinthie, en dépit de la résistance yougoslave et notamment slovène, ainsi que le Burgenland qui fut retiré à la Hongrie, un plébiscite favorable à la Hongrie en 1921 modifia néanmoins de nouveau la frontière.Les demandes des Ukrainiens de Galicie et de Ruthénie furent quant à elles ignorées, comme l’ensemble des demandes émanant d’Ukrainiens souhaitant leur propre État.

La Hongrie : un vaincu démembré

Depuis le compromis austro-hongrois de 1866, la Hongrie formait un État à part entière au sein de la double-monarchie austro-hongroise. Elle avait sa propre constitution, son parlement, ses institutions – ne partageant avec les terres demeurées sous la tutelle directe de Vienne que le souverain et trois ministères communs (guerre, finances, affaires étrangères). Le 16 novembre 1918 la République démocrate hongroise était proclamée ; elle allait devoir faire face aux appétits de ses voisins. La Serbie envahit la Croatie et le Banat, la Roumanie s’empara de la Transylvanie et les Tchèques s’unirent aux Slovaques de Haute-Hongrie. Les Magyars ne représentaient en effet que la moitié de la population de l’ancien royaume, principalement regroupés dans la plaine hongroise et dans le pays sicule.

Le  11 janvier 1919, Mihály Károlyi fut proclamé premier président de la République démocratique hongroise.

La Roumanie s’empara de la Transylvanie en décembre 1918. Ce fut l’une des pires pertes pour la Hongrie : 1,5 millions de Hongrois vivaient en Transylvanie, mais les Roumains, soutenus par une élite allemande urbaine, y étaient deux fois plus nombreux. La France, depuis longtemps roumanophile, prit le parti de la Roumanie dans cette question, comme en témoignait cet article du 8 juin 1919 significativement intitulé « La Transylvanie libérée ».

Le 21 mars 1919, à la grande surprise des Alliés, la République soviétique de Hongrie fut proclamée après l’union du parti socialiste et du parti communiste, formant un régime à la fois socialiste et nationaliste sous l’égide de Béla Kun. L’Excelsior titra ainsi sa Une du 16 avril : « Journées révolutionnaires dans les rues de Budapest ». Dès le mois suivant, des troupes roumaines et tchèques attaquèrent la Hongrie.

• « L’application et la défense du communisme en Hongrie » (6 juin 1919)
• « Plus que jamais la terreur rouge règne en pays hongrois » (1^er juillet 1919)

Après plusieurs contre-offensives de part et d’autre, la Hongrie soviétique s’effondra finalement en août 1919. L’armée roumaine entra alors dans Budapest qu’elle pilla – ce que ces articles français sur l’entrée des Roumains à Budapest et sur l’occupation roumaine se gardèrent bien de rapporter. La France était favorable aux opérations de l’armée roumaine, qu’elle voyait comme un rempart à la contagion communiste, comme en témoignait cet article du 15 juin 1919 intitulé « En Hongrie affranchie du joug bolcheviste ».

L’archiduc Joseph de Habsbourg, palatin (gouverneur) de Hongrie du temps de la double-monarchie, fut appelé comme régent. L’arrivée au pouvoir de ce cousin de l’empereur déchu, et partisan de sa restauration, fit encore craindre durant le mois d’août 1919 un nouvel embrasement en Europe centrale. Les puissances occidentales obligèrent l’archiduc à se retirer au profit d’un nouveau régent : l’amiral Miklós Horthy. La paix n’était ainsi toujours pas considérée comme effective en Hongrie à la fin de l’année 1919 et les premiers ministres successifs de Hongrie contestèrent la division du territoire hongrois. Face au danger que pouvait toujours représenter la Hongrie, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la future Yougoslavie formèrent dès l’été 1920 une alliance diplomatique et militaire, nommé la Petite Entente. Les deux tentatives de Charles I^er de revenir au pouvoir se déroulèrent en outre en Hongrie, ce qui donna lieu à de nouveaux affrontements militaires en Hongrie en 1921.

Le traité de Trianon du 4 juin 1920 consacra le démembrement de la Hongrie. Le royaume perdait 70% de son territoire et 60% de sa population : Slovaques de Haute-Hongrie, Slaves de Croatie et du Banat, Roumains de Transylvanie, Allemands du Burgenland. Le traité fut vécu comme une humiliation et demeure perçu comme tel aujourd’hui. Le 4 juin fut déclaré par le gouvernement hongrois comme étant la « journée de l’unité nationale » en 2012, et un mémorial de Trianon fut  inauguré le 4 juin 2020 à Budapest.

De nouveaux États à l’équilibre complexe

La Tchécoslovaquie

L’indépendance de la nouvelle Tchécoslovaquie fut proclamée le 28 octobre 1918, et avait déjà été reconnue par la France dès le mois de juin. Le rejet de l’héritage de l’empire austro-hongrois fut immédiat. La colonne mariale, érigée en 1650 devant la cathédrale Saint-Guy de Prague, fut par exemple abattue dès le 3 novembre 1918, car elle constituait un symbole de la domination des Habsbourg et de leur politique de recatholicisation et de persécution de la Bohême, majoritairement protestante au XVII^e siècle. Tomáš Garrigue Masaryk fut élu premier président le 14 novembre, alors qu’il se trouvait aux États-Unis ; il se rendit à Prague au début de l’année 1919. La Tchécoslovaquie se dota de sa propre armée, ce qui ne put que réjouir la France qui espérait qu’elle parviendrait à réfréner les ambitions allemandes, et qui voyait en Masaryk un allié de premier choix. Ce nouvel État centralisé à Prague possédait une configuration inédite :

Ainsi, de lourdes menaces planent sur la Tchécoslovaquie, attelage incertain entre une Bohême-Moravie industrielle et une Slovaquie rurale qui, à part la proximité linguistique, n’ont rien en commun, pas même la religion, et qui n’ont jamais partagé la même histoire, la première étant gérée par l’Autriche et l’autre ayant vécu sous la coupe séculaire de la Hongrie¹.

Les Tchèques souhaitaient conserver les frontières historiques du royaume de Bohême, sans tenir compte du fait que la région des Sudètes, sur sa frange ouest, était peuplée de germanophones et non de slaves. Les Tchécoslovaques s’emparèrent par ailleurs de la région minière de Teschen en janvier 1919 et obtinrent aussi la Ruthénie subcarpatique, pourtant peuplée d’Ukrainiens. Les Alliés souhaitaient en effet maintenir un cordon entre la Hongrie et l’Ukraine afin de tenir le bolchevisme à distance. Le rattachement des Sudètes germanophones à la Tchécoslovaquie était le point le plus épineux, mais fut finalement validé par les Alliés le 4 avril 1919.

Les frontières de la Slovaquie avec la Hongrie furent encore plus difficiles à définir. Il n’existait pas de frontière naturelle et la Slovaquie n’avait jamais formé une entité politique à part entière, comme cela avait pu être le cas pour la Transylvanie. Le pays slovaque constituait simplement la frange nord du royaume depuis le X^e siècle. Sa principale ville, Bratislava (Pozsony en hongrois), était l’une des capitales royales et fut même la cité du sacre des rois de Hongrie du XVI^e siècle au XIX^e siècle. Cette continuité entre la Hongrie et la future Slovaquie permit d’ailleurs à la république soviétique hongroise d’occuper les deux tiers de la Slovaquie au printemps 1919, avant de se retirer.

Au final, sur une population de 13 à 14 millions d’habitants, 3 millions sont allemands, environ 800 000 sont hongrois et 500 000 ruthènes. Le tiers de la population du nouvel État n’est donc ni tchèque ni slovaque².

La Yougoslavie

Le 1^er décembre 1918, le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes fut proclamé, avec Pierre I^er de Serbie comme roi, mais ce royaume n’était pas encore reconnu par les Alliés. Le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, officieusement nommé Yougoslavie, avant de l’être officiellement en 1929, était avant tout une grande Serbie. La capitale restait Belgrade, celle de la Serbie, et l’administration et l’armée étaient dirigées par des Serbes. Les revendications du nouvel État étaient d’ailleurs avant tout présentées comme serbes. La Voïvodine, anciennement hongroise, fut ainsi considérée comme rattachée à la Serbie en 1919. La presse française mit avant tout à l’honneur les Serbes, avec le retour en 1919 à Belgrade de l’ancien président du conseil et premier ministre Nikola Pašić ou celui du prince-régent Alexandre, vu comme un allié de la France au moment de sa montée sur le trône en août 1921. La Croatie fut toutefois également prise en compte avec cette Une du Miroir consacrée à Agram (ancien nom allemand de Zagreb) et ces photographies consacrées à l’indépendance yougoslave. Les objectifs de chacune des parties de la Yougoslavie n’étaient pas identiques au niveau territorial à l’issue de l’indépendance, les Croates et les Slovènes souhaitant s’étendre au nord sur l’Autriche, en Carniole, et la Serbie préférant s’étendre à l’est sur la Bulgarie. Quant au Monténégro, vaincu et occupé par les Austro-Hongrois depuis 1916, il fut purement et simplement rayé de la carte et considéré comme une possession serbe.

Curieux État, en effet, qui se forme le 1^er décembre 1918, avec une langue commune mais deux alphabets distincts, latin à l’ouest et cyrillique à l’est : peuplé de 39% de catholiques à l’ouest, de 46% d’orthodoxes à l’est et de 11% de musulmans en Bosnie et en Macédoine. […] La Yougoslavie est un pays impossible où se côtoient 38% de Serbes, 23% de Croates, 9% de Slovènes, 6% de Bosniaques et autant de Macédoniens³. 

L’Entreprise de Fiume

Dès la fin de la guerre, des tensions apparurent en Adriatique entre la Yougoslavie et l’Italie quant au sort de l’Istrie, de la côte dalmate et de la ville de Fiume (Rijeka, située désormais en Croatie). Des  manifestations eurent notamment lieu à Zagreb en 1919. La question de l’Adriatique devint un sujet récurrent dans la presse française. Citons à titre d’exemples les articles suivants : « La question de Fiume et de l’Adriatique », « C’est demain que les Yougo-Slaves doivent répondre à l’ultimatum des Alliés », « La dangereuse question de l’Adriatique ». L’intérêt de la presse française tournait essentiellement autour de la ville de Fiume. Avant de devenir finalement italienne en 1924, Fiume fut en effet l’objet d’une expédition militaire le 12 septembre 1919 puis d’une occupation de quinze mois menées par le poète italien Gabriele D’Annunzio. Cette « Entreprise de Fiume », fréquemment qualifiée de « tragi-comédie » à partir de 1920, revêtait un caractère à la fois épique et rocambolesque, centrée autour de la figure de D’Annunzio, et dont le décorum paramilitaire inspira notamment le fascisme italien de Mussolini :

• « A Fiume, où D’Annunzio assure sa résistance en vue de l’investissement » (22 septembre 1919) 
• « L’entrée du colonel D’Annunzio à Fiume » (25 septembre 1919)
• « Manifeste de Gabriele D’Annunzio au peuple français » (27 septembre 1919)
• « Coup de main du poète D’Annunzio à Fiume » (28 septembre 1919)
• « Les arditi passés en revue par Gabriele D’Annunzio à Fiume » (4 octobre 1919)
• « L’entrée de D’Annunzio à Fiume, le 12 septembre » (5 octobre 1919)
• « La prise du pont de Sussak par les arditi de Fiume ou la dernière tragi-comédie de Gabriele D’Annunzio » (7 juin 1920)
• « La dernière tragi-comédie de D’Annunzio » (13 juin 1920)
• « La prise du pont de Sussak par les Arditi » (13 juin 1920)

Le 8 septembre 1920, D’Annunzio proclama la Régence italienne du Carnaro, un État indépendant à Fiume, tout en menaçant d’occuper d’autres territoires dans l’Adriatique : « Un an après son entrée à Fiume Annunzio proclame l’indépendance de la ville ».

Un coup d’État visant à renverser le gouvernement italien se préparait en effet à l’automne 1920 depuis Fiume.Lors de la signature des accords de Santa Margherita le 23 octobre, l’Italie devait conserver la ville et le port de Fiume. La Yougoslavie obtenait quant à elle la ville de Susak. La question d’une sédition de D’Annunzio demeurait néanmoins toujours d’actualité, au vu du blocus de Fiume à partir du 1^er décembre, et du fait que les équipages de navires de guerre italiens se joignirent à D’Annunzio. D’Annunzio et ses partisans furent finalement expulsés par les troupes royales italiennes lors du « Noël sanglant » du 24 au 31 décembre 1920 : 

• « L’aventure de Fiume s’aggrave » (28 décembre 1920)
• « L’occupation de Fiume par les troupes italiennes est une question d’heures » (29 décembre 1920)
• « On considère que l’accord relatif à Fiume est conclu » (30 décembre 1920)

Fiume obtint un statut de micro-État indépendant de 1920 à 1924, avant d’être officiellement annexé par l’Italie en janvier 1924, même si une petite partie de son territoire demeurait du côté yougoslave.

L’Italie reconnut officiellement à la fin de l’année 1920 les frontières de la Yougoslavie, dont le Monténégro. Si le traité de Rapallo du 12 novembre 1920 était censé fixer les frontières de l’Italie et de la Yougoslavie, outre le cas de Fiume, les tensions continuèrent néanmoins à exister dans les années suivantes, à l’exemple de l’incident lié à la venue d’un cuirassé italien dans le port de Sebenico, relaté dans cet article du 3 janvier 1922.

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Pour aller plus loin :

• LE NAOUR, Jean-Yves, 1919-1921 : sortir de la guerre, Paris, Éditions de Noyelles, 2021
• À l’Est la guerre sans fin, 1918-1923 [exposition, Paris, Musée de l’Armée, 5 octobre 2018-20 janvier 2019], Paris, Gallimard : Musée de l’Armée, 2018
• VERLUISE, Pierre, « Après 1914-1918 : une Europe redessinée par les traités », Constructif, 2019/1 (n° 52), p. 5-9. Article présentant une carte consacrée aux frontières européennes, d’après les traités, en 1923. Consultable en ligne sur Cairn dans les salles de la BnF à partir de la banque de liens.
• SALMON, Roseline, « La sortie de guerre de la république d’Autriche (1918-1921) », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, Année 2013, n° 136-5, p. 31-39

 Tous les articles de la série « Sortir de la guerre »

• Introduction – Conflits multiples, fins d’empires et nouvelles frontières : la longue et difficile sortie de guerre après 1918
• Partie 1 – Russie, Europe du Nord, Ukrainiens et Arméniens
• Partie 2 – L’Allemagne : la difficile stabilisation du « Reich de Weimar »
• Partie 3 – Autriche, Hongrie, Tchécoslovaquie et Yougoslavie : la Mitteleuropa après les Habsbourg
• Partie 4 – Pologne et Roumanie : des vainqueurs ambitieux en Europe
• Partie 5 – Turquie et Proche-Orient

1. Jean-Yves Le Naour, 1919-1921 : sortir de la guerre, Paris, Éditions de Noyelles, 2021, p. 326. [↩]
2. Ibid., p. 328. [↩]
3. Ibid., p. 333. [↩]

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