L’historien spécialiste de la France contemporaine, Jean-Pierre Rioux, né à Clichy en 1939, est décédé le 6 décembre 2024 à Versailles.

Philippe-Jean Catinchi écrit le 6 décembre 2024 sur le site du journal Le Monde : « Jean-Philippe Rioux (…) se présentait volontiers comme « un pur et banal produit de la méritocratie républicaine ». Une façon de parler de ses racines comme d’affirmer son attachement viscéral aux valeurs civiques dont il se fit l’inflexible champion¹ ».

Agrégé d’histoire, après quelques années au lycée Marceau de Chartres, puis au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, il enseigna l’histoire contemporaine à l’Université de Paris X-Nanterre, aujourd’hui Université Paris Nanterre,  entre 1970 et 1980.

À partir de 1978, il devint maître de conférences et chargé de cours, puis directeur de séminaire à l’Institut d’études politiques de Paris (SciencesPo).

Entre 1980 et 1991, il fut également chargé de recherche puis directeur de recherche à l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS).

De 1991 à 2003, Il fut Inspecteur général de l’Éducation nationale et de 1990 à 1995, professeur associé à la New York University.

Spécialiste d’histoire politique et sociale, il rejoignit le comité de rédaction de la revue L’Histoire,  dès son premier numéro en 1978 et jusqu’en 1998, dans laquelle son ami l’historien Michel Winock lui rend hommage

L’œuvre d’historien de Jean-Pierre Rioux brille d’un vif éclat, auquel ont contribué ses dons d’écriture. (…).  Mais ses écrits et ses études ne se sont jamais fixées dans une spécialité (…). Il a toujours voulu rester libre de ses objets de recherche et les plus variés, sachant passer de l’histoire politique (Mendès et le mendésisme, Jaurès, Les Populismes), à l’histoire culturelle (Erckmann-Chatrian, La Mort du lieutenant Péguy), ou à ses évocations autant poétiques qu’informées sur la mémoire des Français ou son effacement (La France perd la mémoire), sur les terroirs (Nos villages. Au cœur de l’histoire des Français), sans parler de ses narrations plus intimes ou personnelles (Ils m’ont appris l’histoire de France)².

Il fut aussi l’un des fondateurs de la revue Vingtième siècle³ en 1984, aux côtés de François Bédarida et Michel Winock, et rédacteur en chef de la revue de 1984 à 2004.

Il collabora à d’autres revues, en particulier  Le Mouvement social⁴ et Esprit⁵, fut également chroniqueur dans les quotidiens Le Monde (1987-1996) et La Croix (depuis 2010), ainsi que producteur et chroniqueur à France-Culture (1985-1990).

Le Journal Télérama, lui rend hommage, par la voix de Gilles Heuré :

Raconter l’histoire, ses tragédies comme ses moments d’épopée, en analyser les récits successifs : tels ont toujours été l’ambition et le quotidien d’un historien qui, il faut le souligner, écrivait dans un style magnifique, abordable par tous, et merveilleusement entraînant⁶.

Parmi ses ouvrages les plus importants, on peut citer, La Révolution industrielle, 1780-1880, (Seuil, 1971), La France de la IV^e République. Tome 1, l’ardeur et la nécessité. 1944-1952 et La France de la IV^e République. 2, L’Expansion et l’impuissance : 1952-1958 (Seuil, 1980-1983), Pierre Mendès France et le mendésisme : l’expérience gouvernementale, 1954-1955, et sa postérité, codirigé avec François Bédarida (Fayard, 1985), une Histoire culturelle de la France, codirigée avec Jean-François Sirinelli (Seuil, 1997-1998), La culture de masse en France : de la Belle Époque à nos jours, codirigé avec Jean-François Sirinelli (Fayard, 2002).

Il faut également mentionner son engagement politique. Après un passage au parti socialiste dans les années 1970, il adhère au MoDem (Mouvement démocrate) de François-Bayrou, dès la création du parti, en 2007 se sentant plus proche des idées centristes. Il publie alors Les Centristes : de Mirabeau à Bayrou (Fayard, 2010).

Jean-Pierre Rioux dans les collections de la Bibliothèque nationale de France

Sa notice de personne dans le catalogue général permet d’accéder aux notices des documents dont il est auteur, directeur, éditeur intellectuel, préfacier.

Parmi les documents recensés, se trouvent majoritairement des textes imprimés, mais aussi des images animées, des enregistrements sonores et des documents multimédias multisupport.

On peut retrouver un certain nombre de ses écrits (articles, comptes-rendus…) sur les portails Persée, Cairn, JSTOR, ainsi que sur la plate-forme OpenEdition, qui héberge des livres et des articles dont il est auteur ou qui le mentionnent. Certains sont en accès ouvert.

Une sélection de ses ouvrages est actuellement présentée dans la salle J de la Bibliothèque tout public, sur le site Tolbiac/François Mitterrand.

Une bibliographie sélective a également été préparée par les équipes du service Histoire.

Pour réécouter Jean-Pierre Rioux :

Les podcasts de Radio France : https://www.radiofrance.fr/personnes/jean-pierre-rioux

1. Philippe-Jean Catinchi, « Jean-Pierre Rioux, grand historien de la France contemporaine, est mort », Le Monde, 06 décembre 2024. [↩]
2. Michel Winock, « Jean-Pierre Rioux, in memoriam », L’Histoire [en ligne]. [↩]
3. Cette revue est librement consultable en ligne sur le portail Persée : https://www.persee.fr/collection/xxs, à l’exception des numéros les plus récents. [↩]
4. Cette revue est consultable en ligne sur le portail Cairn : https://shs.cairn.info/revue-le-mouvement-social pour la période 1990-2024 (disponible depuis les salles de lecture de la BnF) et sur le portail JSTOR : https://www.jstor.org/journal/mouvementsocial pour la période 1960-2020 (disponible depuis les salles de lecture de la BnF). [↩]
5. Cette revue est consultable en ligne sur le portail JSTOR : https://www.jstor.org/journal/esprit pour la période 1940-2020 (disponible depuis les salles de lecture de la BnF). [↩]
6. Gilles Heuré, « Mort de Jean-Pierre Rioux, un historien de combat », Télérama [en ligne]. [↩]

Marianne Arnold

Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme

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