Pour les fêtes, le département Philosophie, Histoire, Sciences de l’Homme de la BnF vous présente ses récentes publications. Second volet : l’ouvrage d’Alexandre Goderniaux, chercheur associé au service Histoire et docteur de l’université de Liège, consacré aux États généraux de Blois d’octobre-décembre 1588.

Des États généraux de Blois de 1588, on ne retient ordinairement qu’un seul épisode : l’assassinat d’Henri de Lorraine, duc de Guise, et de son frère Louis, cardinal-archevêque de Reims, les 23 et 24 décembre – événement qui marqua l’ultime tentative d’Henri III pour reprendre la main sur la Ligue, et la rupture définitive entre le dernier des Valois et les ultra-catholiques. L’exécution politique des rivaux du roi fut en effet le prologue à une campagne de publications haineuses d’une ampleur et d’une violence inédites, qui aboutit à son assassinat un an plus tard par Jacques Clément.

L’assemblée blésoise de 1588 s’étala pourtant sur deux mois au cours desquelles Henri III tenta de réaffirmer son programme politique et ses conceptions du pouvoir, dans une France déchirée par trois décennies de conflit confessionnel. Le roi et ses conseillers y déployèrent une ample campagne de communication à plusieurs échelles qui rappelait la conception divine et charismatique du pouvoir des Valois-Angoulême et les projets de réforme du monarque.

Alexandre Goderniaux propose d’étudier ce moment politique à travers onze libelles tirés des collections de la Bibliothèque nationale de France :

• Le Mandement du roy pour la convocation des Estats generaux, coté F-46886 (22).
• La Harangue faicte par le roy, cotée 8^o-Le¹⁴-12 (B).
• La Remonstrance faicte par monsieur le garde des seaux de François de Montholon, cotée 8^o-Le¹⁴-12 (2).
• Le Remerciement fait au roy par monsieur l’archevesque de Bourges de Renaud de Beaune de Semblançay, coté 8^o-Le¹⁴-12 (3).
• Le Remerciement faict au nom de la noblesse de France, coté 8^o-Le¹⁴-12 (4).
• La Hanrague de monsieur le prevost des marchands de Michel Marteau, conseiller du roi, maître aux comptes et prévôt des marchands de Paris, cotée 8^o-Le¹⁴-12 (5).
• Les Actes de la seconde seance des Estats, cotés 8^o-Le¹⁴-12 (6).
• La Déclaration du roy sur son edict de l’Union, cotée 8^o-Le¹⁴-12 (A,7).
• La Briefve exhortation faicte aux Estats de ce royaume par monsieur l’archevesque patriarche de Bourges, cotée 8^o-Le¹⁴-12 (7).
• La Remonstrance susdicte faicte, cotée 8^o Le¹⁴-12 (A, 9).
• Et le Au roy, nostre souverain prince et seigneur de Louis Le Caron, lieutenant général de Clermont-en-Beauvaisis, coté 4^o-Le¹⁴-7.

Le corpus fait ici l’objet d’une édition commentée, précédée d’une introduction historique qui remet en contexte cette séquence politique et ses enjeux : la nécessité pour le roi de faire pièce à la Ligue alors qu’il se trouve sans héritier direct et que la couronne risque d’échoir à un hérétique (le futur Henri IV) ; la politique de majesté du roi, entre centralisation et sacralisation ; et la mise en scène d’un compromis politique avec la Ligue, par la cérémonie du serment sur l’Édit d’Union.

L’auteur s’attache par ailleurs à analyser les stratégies discursives de ce corpus et la rhétorique des textes, ainsi que l’exploitation qu’ils font des lieux communs politiques du temps. Il braque enfin aussi le projecteur sur les orchestrateurs de ce moment de communication intense et climactique des Guerres de Religion.

Pour en savoir plus

Alexandre GODERNIAUX (éd.), Un coup de majesté manqué, Henri III aux États généraux de Blois (16 et 18 octobre 1588), Genève, Droz (Cahiers d’Humanisme et Renaissance n° 23), 2024.

39 €, 264 pages. ISBN : 978-2-600-06561-0

Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

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