Un grand serviteur de l’État rescapé de Buchenwald : Julien Cain (1887-1974)

Le 11 avril 1945, près de Weimar en Allemagne, à l’approche de l’armée américaine, les nazis abandonnent le camp de concentration de Buchenwald. Ses détenus sont libres. Quelques jours plus tard, le 18 avril, Julien Cain, administrateur général de la Bibliothèque nationale révoqué par Vichy le 23 juillet 1940, fait partie des premiers déportés à pouvoir être rapatrié en France, par avion. Après avoir foulé le tarmac de l’aérodrome du Bourget, celui que le Gouvernement provisoire de la République française a rétabli in absentia dans ses fonctions retrouve enfin son épouse Lucienne, dont il est resté séparé depuis son arrestation par la Gestapo en février 1941. De retour parmi les vivants après trois ans de captivité en France et une année et trois mois passés dans l’enfer de Buchenwald, où il a marqué ses camarades de Block par sa haute stature morale, il franchira bientôt le seuil du 58, rue de Richelieu pour retrouver sa chère Bibliothèque nationale et ceux avec qui il a œuvré activement à sa modernisation durant la décennie 1930. Pour lors, il est l’une des premières personnalités rescapées à témoigner de l’horreur du système concentrationnaire du IIIe Reich.
A l’occasion du 80e anniversaire de son retour à la tête de la Bibliothèque Nationale et en amont de la journée d’étude « La Bibliothèque nationale de France face à la Seconde Guerre mondiale : documenter le conflit, penser l’après-guerre » du 12 juin prochain, revenons sur l’itinéraire de cette figure majeure de l’histoire de l’établissement, qu’il fit entrer pleinement dans le XXe siècle et dont Paul Valéry écrivit qu’il était « L’homme de France à qui l’organisation des Lettres doit le plus ».
Un amoureux de l’érudition passé au service de l’État
Né en 1887 à Montmorency au sein d’une famille d’imprimeurs parisiens israélites originaires de Lorraine, Julien Cain fit ses classes au prestigieux lycée Condorcet, qui avait vu passer Marcel Proust sur ses bancs avant lui. Dans cet établissement fréquenté par les enfants d’une partie de la grande bourgeoisie parisienne, il fut notamment l’élève du philosophe Alain. Une agrégation d’histoire suivie d’une inscription en doctorat avait tracé la voie que le jeune homme entendait suivre : celle de l’Université et de l’histoire de l’art. Toutefois, la Grande Guerre en décida autrement.
Parti au front en août 1914 comme simple sergent, Julien Cain combattit jusqu’en février 1916, époque où il fut grièvement blessé sur le champ de bataille en Champagne. Après une très longue convalescence à l’issue de laquelle il resta inapte au combat, il entra en 1917 au bureau d’étude de la presse étrangère commun à l’état-major et au ministère des Affaires étrangères. Il en prit la tête deux ans plus tard. Jusqu’en 1927, il demeura le chef de ce service désormais rattaché au seul Quai d’Orsay. C’est à ce poste, où durant la guerre il avait côtoyé nombre d’universitaires et d’agrégés, qu’il se constitua un premier réseau de connaissances dans les milieux diplomatique, politique et littéraire qui allait jouer un rôle déterminant dans la suite de sa carrière professionnelle. De ces années de sa vie datent ses liens avec des figures telles que Jean Giraudoux, Philippe Berthelot, Alexis Léger, Paul Morand et Benjamin Crémieux. En parallèle, son mariage en 1921 avec Lucienne Mayer lui ouvrit de nouvelles portes. Femme de lettres étudiant le russe à l’École des Langues Orientales et enthousiasmée par la Révolution d’octobre, Lucienne était issue de la très haute bourgeoisie juive parisienne, apparentée entre autres aux Proust et aux Cahen d’Anvers.
De sensibilité socialiste sans être encarté dans aucun parti, Julien Cain, jouissait de l’estime d’Édouard Herriot. Il fut recruté en 1927 comme directeur de cabinet par Fernand Bouisson, qui venait d’être élu président de la Chambre des députés1.
Trois ans plus tard, avec le soutien de Léon Blum, Julien Cain était nommé pour succéder à Pierre Roland-Marcel en qualité d’administrateur général de la Bibliothèque nationale. Il avait quarante-trois ans et « le goût de l’organisation »2.

Chef d’orchestre des métamorphoses de la BN (1930-1940)3
La nomination de Julien Cain intervint dans un contexte budgétaire défavorable. Pourtant l’établissement avait amorcé un difficile effort de modernisation pour rattraper le retard qu’il accusait sur d’autres institutions occidentales telles que la Bibliothèque du Congrès de Washington, du fait notamment des conséquences de la Grande Guerre4. Néanmoins, à son arrivée en 1930, le nouvel administrateur général trouva une bibliothèque au bord de l’asphyxie. Mondialement renommée pour la richesse de ses collections de manuscrits, d’estampes, de livres rares, de monnaies et de médailles, la BN faisait face à un risque d’embolie à brève échéance sur fond d’inflation financière, de disette budgétaire et de crise bâtimentaire.
Malgré les efforts menés dans les années 1920 pour essayer d’achever le chantier de la salle Ovale interrompu par la Grande Guerre et d’engager d’autres travaux sur les espaces libérés par la fermeture de la Salle publique, le quadrilatère de la BN était saturé. Faute de place, l’institution menaçait de ne plus pouvoir faire face aux entrées d’imprimés accrues, à partir de 1925, par la mise en place du double dépôt légal. Les moyens humains et financiers à sa disposition n’étaient guère à la hauteur des défis auxquels elle était confrontée. L’effectif du personnel était en 1932 « à peu près le même qu’il y a cinquante ans5 » (« 174 emplois rémunérés sur le budget de l’État en 1928 ») et les crédits alloués par l’État n’avaient pas encore retrouvé leur niveau de 1914. Quand bien même c’eût été le cas, un tel budget représentait une baisse de moyens réels, compte tenu de l’inflation galopante de l’Après-guerre.
Conscient des risques pesant sur la « Nationale », Julien Cain s’attela à apporter une solution à la question prioritaire : étendre sa capacité d’accroissement par l’extension des bâtiments, à l’intérieur et à l’extérieur de Paris. Après avoir présidé à l’achèvement de la salle Ovale, dévolue à la consultation des collections périodiques, il obtint en 1932 de pouvoir gérer directement les crédits de grands travaux accordés à la bibliothèque et d’inclure ces opérations dans les « plans gouvernementaux de lutte contre le chômage », à l’heure des conséquences de la grande crise économique de 1929. Pour éviter les errements du passé, il arrêta qu’on ferait désormais coïncider chaque phase des travaux – projetés en concertation avec les conservateurs et le nouvel architecte de la Bibliothèque, Michel Roux-Spitz6 – avec une année budgétaire, tout en se ménageant la souplesse d’éventuels reports de crédits. Avec cette logique marquée par un souci d’efficacité, il fit rentrer l’institution dans une ère de chantier permanent, qui affecta tour à tour chacun de ses départements sans jamais en fermer l’accès aux chercheurs et qui ne prit fin qu’à la fin des années 1950.
Première étape préalable, l’édification d’un dépôt annexe à Versailles (1932-1934) permit de désengorger la Bibliothèque en y transférant une dizaine de kilomètres linéaires de périodiques. Un premier volet de travaux furent alors menés à bien dans le quadrilatère Richelieu pour gagner de l’espace en sous-sol, aménager une salle de lecture et des magasins pour la Réserve du département des Imprimés. Dans un second temps, deux étages souterrains furent créés sous le magasin central pour doter ce même département, le plus gros de la bibliothèque, d’une capacité d’accroissement pour l’avenir, et une salle des catalogues fut achevée sous la salle de travail (1935-1936). Les efforts portèrent ensuite sur le réaménagement du cabinet des Manuscrits, doté de nouveaux magasins et sur la « reconstruction intérieure complète du bâtiment des Estampes, dans l’aile occidentale de l’hôtel Tubeuf sans que soient altérées ses façades. » La Seconde Guerre mondiale vint cependant interrompre ces dernières opérations.
Ces grands travaux qui rappelaient l’ère volontariste de ceux menés par le tandem Labrouste-Taschereau sous le Second Empire se doublèrent d’une modernisation progressive des installations de la bibliothèque : électrification, création de systèmes anti-incendie, de ventilation et de conditionnement de l’air dans des magasins de conservation dotés de mobiliers de stockage modulables, mise en place d’un réseau de pneumatiques, construction d’ascenseurs et de monte-charges pour faciliter la manutention des collections.
Bien qu’on ne puisse rapporter l’activité de toute une institution à un seul homme, fût-ce son chef, il est indéniable que la personnalité de Julien Cain contribua à l’important essor du rayonnement culturel de la vieille Nationale au cours de la décennie 1930. S’il reste encore à mesurer par les archives la part exacte d’initiative qui revient à l’administrateur général dans la croissance des collections, le développement du travail sur celles-ci et leur mise en valeur au travers de grandes expositions, force est de constater qu’il imprima dans ces différents domaines sa marque, celle d’un amateur d’érudition éclairé, doublé d’un organisateur hors pair et d’un homme de réseaux.
Considérant que la vocation première de l’établissement était d’être bibliothèque au service de la recherche, il apporta son plein soutien au travail de classement, d’inventaire et de catalogage de ses collections. L’accélération sous son mandat du rythme d’avancement du Catalogue général des livres imprimés – Auteurs, projet pharaonique lancé en 1897 par son illustre prédécesseur Léopold Delisle, en est l’exemple et permettait à la veille de la guerre d’envisager « la fin prochaine de cette grande entreprise7 ».
Initiée par son prédécesseur Roland-Marcel à partir de 1924, la politique de présentation au public des chefs-d’œuvre anciens et modernes de la BN fut poursuivie et amplifiée par Julien Cain. C’est par cette vitrine ouverte sur la société qu’il acquit une partie de sa notoriété d’administrateur général. De mai 1930 à mai 1940, près de soixante expositions se tinrent à la Bibliothèque8. Ces manifestations qui donnaient lieu à la publication de catalogues scientifiques établis par les conservateurs et bibliothécaires et que l’administrateur général se réservait le soin de préfacer suscitèrent l’engouement croissant du public parisien mais aussi des étrangers et d’institutions hors de l’Hexagone. Par cette activité, la BN acquit une place de premier plan dans le paysage culturel national. Ainsi s’explique certainement la commande passée à Julien Cain et Paul Valéry d’un projet de « musée de la littérature » pour l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937. Deux ans plus tard, le voici sollicité à nouveau « pour les sections du pavillon français » de l’Exposition universelle de New York « consacrées à la littérature, aux sciences humaines ainsi qu’aux relations franco-américaines ». On parlait désormais d’expositions « type Julien Cain ».
Favorisés sans doute par la visibilité et l’attractivité nouvelles de la BN découlant de la politique de son administrateur général, des enrichissements patrimoniaux substantiels scandèrent les années 1930. Pour n’évoquer que le cabinet des Manuscrits, il faut citer l’acquisition de papiers de Flaubert, d’Anatole France ou de la comtesse Anna de Noailles, des volumineuses collections d’autographes ou d’archives d’Henri de Rothschild, du comte Allard du Chollet ou de l’industriel Julien Chappée, de 1 500 lettres de Voltaire remises par Seymour de Ricci, des Petites heures d’Anne de Bretagne, du Speculum humanae salvationis des Célestins de Colmar ou encore de manuscrits éthiopiens – principalement par voie de dons. En dépit d’un contexte budgétaire défavorable, Julien Cain parvint à faire financer l’achat en vente publique à Londres de 318 lettres de Napoléon à Marie-Louise en 1934. Cinq ans plus tard eut lieu l’acquisition du manuscrit de L’Esprit des lois de Montesquieu. La familiarité de l’administrateur général avec les milieux parlementaires et ministériels, les liens qu’il tissa dans l’aristocratie et la haute bourgeoisie, ainsi que ses amitiés intellectuelles et artistiques ne contribuèrent pas peu à l’enrichissement des collections de la Bibliothèque. Familiers du Tout-Paris, les époux Cain recevaient dans leur salon de la rue des Petits-Champs ainsi que dans leur villa de Louveciennes. Parmi les habitués de ces rendez-vous : Léon Blum dont Julien Cain était le conseiller officieux, Jean Zay, son ministre de tutelle sous le Front populaire, Georges Bonnet, Paul Reynaud, Vincent Auriol, Anatole de Monzie, Alexis Léger, Paul Valéry, Colette, André Maurois, Stefan Zweig, Jules Romains, Georges Duhamel, Drieu la Rochelle, Paul Morand et bien d’autres9.
La personnalité de Julien Cain et son goût des responsabilités faisaient de lui un acteur culturel omniprésent, qui dépassait largement le cadre de la BN. Placé ès qualités à la tête de la Réunion des Bibliothèques nationales qui fédérait alors les principales bibliothèques publiques parisiennes, l’administrateur général animait le réseau des bibliothèques et œuvrait au développement de la lecture publique à l’échelle du pays, avant même la création en 1945 d’une direction des Bibliothèques de France au sein du ministère de l’Éducation nationale. Il était aussi membre de nombreux conseils, comités, commissions, jurys et associations dans des secteurs aussi variés que les musées, les archives, la radio-diffusion, la documentation ou la recherche scientifique. Il dirigea par ailleurs la publication du tome XVIII de L’Encyclopédie française consacré à La Civilisation écrite et prit une part active aux travaux de l’Institut international de coopération intellectuelle, émanation de la Société des Nations et préfiguration de l’Unesco10.
La montée des périls en Europe avait imposé dès 1938 à la BN d’établir des plans de mise en sécurité de ses collections les plus précieuses. Julien Cain acta à la fin août 1939 qu’elles seraient évacuées vers des dépôts en province. L’entrée en guerre le conduisit, ainsi que le personnel de la Bibliothèque, à assumer des missions de circonstance, en faveur de la lecture pour les hommes partis aux armées et les réfugiés civils. À partir de septembre, il partagea son temps entre son établissement et les activités du commissariat général à l’Information institué par Édouard Daladier et présidé par Jean Giraudoux, où il s’occupa d’une section « édition » ainsi que du contrôle des émissions culturelles radiophoniques. Peu efficace, cette structure fut convertie en avril 1940 par Paul Reynaud en secrétariat d’État, dont Julien Cain devint pour deux mois le secrétaire général11. Ses qualités d’organisation, son capital relationnel, ainsi que son expérience acquise du temps du Quai d’Orsay et comme directeur de cabinet du président de la Chambre des députés faisaient de lui l’un des hommes les plus indiqués pour dynamiser la propagande française.
A l’heure de l’avancée des troupes allemandes vers Paris, il reçut l’ordre de confier l’intérim de la BN à l’un des conservateurs et de suivre le ministre de l’Éducation nationale vers Tours puis Bordeaux. C’est dans ce contexte de grande confusion et d’effondrement de l’État que sa femme et lui furent autorisés à prendre place à bord du paquebot Massilia, pour suivre en Afrique du Nord une partie du gouvernement et les présidents de la République et des Chambres censés s’établir à Alger, suivant un plan arrêté par le maréchal Pétain. Avant même de débarquer au Maroc le 24 juin, l’administrateur général et ses compagnons de voyage apprirent avec stupeur que contrordre avait été donné le jour même de leur départ. L’opinion, manipulée par les médias pro-Pétain, allait désormais tenir les passagers du navire pour des fuyards, traitres à la patrie12.
Le traumatisme de l’Occupation13
Avec l’opprobre publique commença pour Julien Cain un cycle d’épreuves qui allèrent crescendo jusqu’à la fin de la guerre.
Parvenus à rejoindre Marseille, les Cain gagnèrent Vichy quelques jours après le vote des pleins-pouvoirs à Pétain. Julien espérait pouvoir y plaider sa cause pour faire annuler la mesure de révocation dont il faisait l’objet avec d’autres hauts fonctionnaires, au motif qu’il aurait quitté le sol national « sans ordre de mission régulier donné par [son] ministre ». Las, ses efforts et ceux des quelques amis qui ne s’étaient pas détournés de lui s’avérèrent vains. Celui que la presse collaborationniste désignait désormais comme le « fuyard israélite Julien Cain » fut remplacé dès le 6 août par Bernard Faÿ au poste d’administrateur général de la Bibliothèque nationale. Sous la houlette de ce professeur au Collège de France, l’institution allait devenir l’un des instruments de la politique culturelle de l’État français et de sa collaboration avec l’occupant14.
De retour à Paris dix jours plus tard, Julien Cain n’avait plus désormais ni emploi ni maison et se logea avec son épouse dans l’appartement prêté par ses neveux Edgar et Lucie Faure. De cette date jusqu’à son arrestation par la Gestapo le 12 février 1941, ses activités sont mal connues. S’il noua alors des liens avec des membres du réseau de résistance intellectuelle du Musée de l’Homme et aurait assisté à certaines de ses réunions, il est difficile de mesurer avec exactitude son degré d’implication dans son action. L’examen de différents témoignages et sources d’archives conduit à penser que son arrestation ne fut pas motivée par la découverte de tracts compromettants à son domicile, mais plutôt par les soupçons que nourrissaient les Allemands à son égard, attisés par la presse collaborationniste. Julien Cain n’aurait pas été arrêté sur la base de faits de résistance mais pour des motifs politiques15.

Placé à l’isolement à la prison de la Santé sans que lui soient communiquées les raisons de son incarcération, malgré les demandes répétées qu’il fit en ce sens à ses geôliers, Julien Cain entreprit de mobiliser amis et connaissances hauts placés en vue d’obtenir son élargissement. Plusieurs figures de la Sorbonne, de la BN, des arts et des lettres, ainsi que Fernand de Brinon, l’ambassadeur de Vichy à Paris, tentèrent d’intervenir en sa faveur16. Pas plus que celles de Lucienne, leurs démarches ne portèrent de fruits. Pis encore, il fut transféré au début du mois de juin 1941 au fort de Romainville, en vertu d’une « peine de sûreté » prononcée à son encontre par le commandant militaire allemand en France.
S’il trouva dans ce nouveau lieu de réclusion des conditions matérielles et morales moins éprouvantes qu’à la Santé (compagnie d’autres détenus, possibilité de s’aérer en extérieur, etc.), Julien Cain ne fut pas au bout de ses peines. Hormis un séjour de février à juillet 1942 à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce obtenu pour raisons de santé, il resta enfermé à Romainville jusqu’au commencement de l’année 1944.
A l’espoir que l’une des nombreuses démarches de Lucienne auprès de personnalités supposément influentes finît par conduire à sa libération succéda une forme de découragement, auquel s’ajoutait l’angoisse d’être, comme tous ses codétenus, un otage que l’occupant pouvait décider de fusiller à tout moment en représailles à des attentats de la Résistance. Durant ces longs mois, Julien Cain entretint avec sa femme une correspondance régulière17, véritable fenêtre sur le monde extérieur pour lui, et se plongea dans la lecture des journaux et des livres que Lucienne et leurs plus fidèles amis, Paul Valéry et Georges Duhamel, parvenaient à lui adresser. Il s’occupa également d’organiser et d’accroître la petite bibliothèque ambulante à la disposition des prisonniers du fort.
Le 12 janvier 1944, cette captivité française prit fin sur ordre des autorités allemandes : Julien Cain et d’autres détenus furent transférés de Romainville à Compiègne, d’où ils furent expédiés au camp de concentration de Buchenwald, où leur convoi arriva le 24 janvier. Échappant aux travaux forcés qui auraient eu raison sans nul doute en peu de temps de sa santé fragile depuis sa blessure au poumon de la Grande Guerre, Julien Cain fut « affecté à des tâches de traducteur aux archives politiques du camp ». Considéré comme un prisonnier politique, ce statut le prémunit par ailleurs du sort des juifs déportés pour motifs raciaux. Conservant son humanisme jusque dans l’avilissement extrême des Blocks, Julien Cain vécut pendant plus d’un an entouré et protégé du respect des autres détenus français de Buchenwald. Plusieurs rescapés du camp gardèrent le souvenir du réconfort que leur apportait sa conversation, des lectures qu’il leur faisait dans leurs rares moments de répit et de son optimisme au milieu du désespoir (qui résonnait notamment dans son mot : « L’an prochain à la Nationale »).
Privé de tout contact avec l’extérieur, Julien Cain ne le fut pas complètement : de février à l’été 1944, il put recevoir une quinzaine de lettres de sa femme – écrites en allemand pour leur faire passer la censure. Le mouvement de libération du territoire français rendit par la suite les communications quasiment impossibles entre Paris et Buchenwald et les deux époux restèrent sans nouvelles l’un de l’autre de nombreux mois. Dans les dernières semaines de leur détention, Cain et ses compagnons virent les conditions de vie dans leur camp se dégrader sous l’effet de vagues d’arrivée successives de déportés transférés d’autres camps par les nazis face à l’avancée des armées alliées en Allemagne. La mort y devint omniprésente. Le 11 avril 1945, Buchenwald était abandonné par les Allemands, la résistance intérieure prit le contrôle du camp et l’armée américaine y fit son entrée. Avec elle un correspondant du journal communiste Ce soir s’y introduisit, qui put s’entretenir avec Julien Cain. Les journaux des 15-16 avril relayèrent massivement la nouvelle de la libération de l’ancien administrateur général de la BN, à côté des colonnes où ils commentaient l’arrivée à Paris des déportées de Ravensbrück, accueillies par le général de Gaulle18. Le 18 avril, en compagnie notamment de Claude Bourdet, Marcel Bloch, de députés et de professeurs, des généraux Audibert et Challe et du colonel Manhès, « chef de la Résistance du Nord », il fit partie du groupe d’une vingtaine de déportés rapatriés en priorité et par avion à Paris19.
Tout juste de retour, il fut l’une des premières personnalités publiques rescapées à témoigner de l’horreur des camps dans la presse. Anticipant l’incrédulité qui pourrait saisir une partie de l’opinion, Le Parisien libéré écrivit dans son numéro du 19 avril que « le témoignage de M. Julien Cain aura d’autant plus de valeur que l’ancien administrateur de la Bibliothèque nationale se garde de romancer le moins du monde ses récits et les fait avec le calme et la précision volontairement sereine d’un homme de science.20 » Une semaine plus tard, le 26 avril, Julien Cain franchit le seuil de la maison qu’il avait dirigée avant-guerre pour une sobre mais émouvante cérémonie de retrouvailles avec ses anciens collaborateurs. Impatient de se remettre au travail après tant d’années et de mois d’inactivité forcée, il dut cependant attendre le 1er octobre 1945 pour reprendre ses fonctions.
Durant ces quelques mois où Jean Laran continua d’assurer l’intérim de l’administration générale de la BN qu’il avait acceptée à la libération de Paris, Cain eut à se rétablir de l’épreuve physique de son séjour à Buchenwald, mais aussi à encaisser le choc de plusieurs deuils : sa famille comme celle de Lucienne eurent leur lot de déportés qui ne revinrent pas des camps. Noyé de lettres amicales, il lui fallut faire face aussi à de nombreux courriers de personnes à la recherche de la moindre information sur un proche disparu qu’il aurait pu croiser en déportation. Il ménagea dès lors dans sa vie une place aux sociabilités d’anciens déportés21.
Soucieux de faire connaître la nature du projet concentrationnaire du régime nazi et l’expérience vécue par ses victimes, Julien Cain s’attela à un premier article « Camps d’épouvante » qui parut dans Le Monde illustré du 19 mai 1945. Il préfaça également l’édition des 111 dessins faits à Buchenwald, 1944-1945 de son camarade de captivité Boris Taslitzky, publiée par Louis Aragon dans La Bibliothèque française. Il est vraisemblable qu’il ait rapidement pris part aux activités de la jeune Commission d’histoire de l’occupation et de la libération de la France instituée à la fin 1944 et dont il avait été nommé membre par décret alors qu’il était encore à Buchenwald.




Le second mandat ou la consécration d’une carrière au service de l’État (1945-1964)22
À son retour effectif à la BN en octobre 1945, Julien Cain trouva une bibliothèque bien différente de celle qu’il avait quittée au printemps 1940 : de nouveaux départements y avaient été créés par Bernard Faÿ, les effectifs avaient été plus que doublés par le recrutement de contractuels pour la plupart étrangers au métier de bibliothécaire et des travaux imprudemment lancés étaient restés inachevés faute de moyens. À ces mutations brutales s’ajoutait une crise morale résultant de l’instrumentalisation de l’institution au service de la Révolution nationale voulue par Vichy. Tout en donnant libre cours à ses rêves de grandeur pour la BN, Bernard Faÿ, maréchaliste convaincu, avait imposé à l’établissement des missions étrangères à sa vocation, le faisant participer notamment à la lutte contre les sociétés secrètes et à la spoliation des collections de partis et syndicats interdits ainsi que de particuliers, notamment juifs. La remise en ordre de la Nationale avait été engagée dès la libération de Paris par Jean Laran, qui s’attela en priorité aux questions les plus sensibles : l’épuration du personnel et la réintégration des agents victimes de suspensions pour motifs raciaux ou politiques ; la restitution des collections spoliées qui avaient intégré le Centre d’histoire contemporaine voulu par Faÿ23.
Julien Cain continua le travail de normalisation de la Bibliothèque en actant la répartition entre ses départements des collections non restituées de ce Centre dissous à l’automne 1945 et en procédant à des mesures de rationalisation administrative dans les services de l’établissement, tout en entérinant pour partie la stratégie d’acquisitions immobilières conçue par Bernard Faÿ à l’égard de différents îlots urbains entourant le quadrilatère de la BN. Une fois rapatriées les collections qui avaient passé la guerre dans des dépôts en province, il fut procédé au récolement de l’ensemble des collections d’imprimés, opération qui mit au jour la disparition de quelque 25 000 volumes. Du côté du personnel, l’administrateur poursuivit jusqu’en 1950 le mouvement amorcé par Laran de résorption de la masse des contractuels recrutés durant l’Occupation, tout en veillant à l’application des statuts particuliers de la fonction publique dans le sillage de la loi sur le statut général de celle-ci votée en 1946.
Face au rapide retour à la croissance des collections par le biais du dépôt légal et du développement des échanges internationaux entre institutions, la reprise des grands travaux planifiés avant-guerre de concert avec l’architecte Roux-Spitz s’imposa parmi les priorités de Julien Cain. Achevé dès 1945, le nouveau cabinet des Estampes fut inauguré en mai 1946. La même année s’engagèrent dans le corps central de l’hôtel Tubeuf des chantiers qui devaient durer jusqu’en 1954 et permirent d’aménager pour le département des Cartes et Plans des locaux modernes dotés d’un mobilier adapté à ses collections de divers formats. Le département des Manuscrits vit la fin de ses propres travaux entamés avant-guerre en 1951. En parallèle, un second bâtiment de stockage offrant seize kilomètres de rayonnages fut construit à Versailles. Point d’orgue de la quête de place dans le quadrilatère de la Bibliothèque, « la surélévation du magasin central des Imprimés sur cinq niveaux, envisagée dès 1934 » permit de créer entre 1954 et 1958 trente-cinq kilomètres linéraires supplémentaires, ce qui était censé prémunir l’établissement du risque de saturation pour un demi-siècle ! Le dernier acte architectural de Julien Cain fut l’érection d’un bâtiment spécifiquement dédié au jeune département de la Musique, sur un terrain acquis dans les années 1930 à l’angle des rues de Louvois et de Richelieu, qui ouvrit en 1964. Le service photographique et l’atelier central de reliure et restauration avaient eux aussi bénéficié de nouvelles installations ou d’accroissements de leurs espaces. Comme avant-guerre, les travaux architecturaux s’accompagnèrent d’une modernisation des équipements existants.
Quand bien même le magasin central fut plein dès 1969 sous l’effet de l’accroissement des entrées du dépôt légal, les grands travaux de l’ère Julien Cain permirent à la BN de se projeter vers l’avenir et de fonctionner sans restriction pendant plus d’une trentaine d’années. Habitué de la communication politique par ses anciennes fonctions au Quai d’Orsay et à la Chambre des députés, Julien Cain prit soin en 1959, comme il l’avait fait en 1936, d’assurer une publicité aux transformations de la Bibliothèque par une monographie illustrée24. Un court-métrage d’Alain Resnais permit aussi de faire connaître en 1956 du grand public la modernité du fonctionnement de l’établissement présenté comme une industrieuse fourmilière occupée à la conservation de « toute la mémoire du monde ».
À partir de 1946, Julien Cain relança le cycle des grandes expositions qui avaient fait l’éclat de la Bibliothèque dans les années 1930. Parmi les expositions remarquables de la période figurent celle du centenaire de la Révolution de 1848, « Trésors des bibliothèques d’Italie » (1950), « Victor Hugo » (1952), « Manuscrits à peintures en France du VIIe au XIIe siècle » (1954), « Manuscrits à peintures en France du XIIIe au XVIe siècle » (1955-1956). En parallèle, le second mandat de Julien Cain fut scandé par de grandes acquisitions patrimoniales qui ne manquèrent pas d’attirer l’attention du public : manuscrits de Diderot, George Sand, Rimbaud, Montesquieu, Flaubert, Madame de Staël, archives de Juliette Récamier et tant d’autres, fonds photographique de la dynastie Nadar, notamment. Curieux de tout et sensible à la littérature et à l’art contemporains, Julien Cain ne fut certainement pas étranger à l’acquisition en 1956 d’écrits surréalistes, jusqu’alors monopole de la Bibliothèque Jacques Doucet, et de poèmes de Robert Desnos, qu’il avait tenté de faire protéger à Buchenwald. En 1962, c’est grâce à son action que le fonds Marcel Proust fut acheté par la BN. Comme avant-guerre, les liens personnels tissés par Julien Cain et son épouse avec les écrivains, les artistes et le Tout-Paris favorisèrent, quand ils ne les suscitèrent pas, un certain nombre de dons faits à l’établissement dans les années 1950-1960 et au-delà.
Depuis 1946, la position d’acteur et auxiliaire incontournable de la politique culturelle de l’État de Julien Cain s’était trouvée renforcée par sa nomination en qualité de directeur des Bibliothèques de France et de la Lecture publique. Cumulant avec la direction de la BN ce haut poste nouvellement créé de l’administration centrale du ministère de l’Éducation nationale, Cain assuma dès lors officiellement des fonctions de coordination et de planification à l’échelle de l’ensemble du territoire, qu’il avait de facto en partie exercées dès les années 1930. Il présida ainsi à la création ou à la restauration et à l’agrandissement de nombreuses bibliothèques à travers la France, en un temps marqué par l’essor de l’enseignement supérieur. À l’occasion commissaire du gouvernement devant l’Assemblée nationale pour l’examen du budget de son ministère de rattachement, on le retrouve également membre de nombreux conseils, comités, commissions et jurys. Le Julien Cain de l’après-guerre est plus que jamais une figure d’autorité dans les mondes des arts et des lettres, de la conservation du patrimoine, de la recherche scientifique et des médias publics25. Son influence dépassait largement le cadre national, du fait de son implication dans plusieurs institutions internationales, au premier rang desquelles l’Unesco, à la fondation de laquelle il prit part en novembre 1945 aux côtés de Léon Blum, avant de participer de manière active aux activités de sa commission française. Outre sa présence dans les associations internationales de bibliothéconomie, documentation, bibliophilie et normalisation, Julien Cain s’attacha à développer une coopération en direction de l’URSS et de ses satellites, ainsi qu’avec la Chine qu’il visita sous Mao Zedong. A sa demande (sous l’influence de son épouse, traductrice du russe ?) fut ainsi créé un service slave au sein du département des Entrées de la BN.
Comme en témoigne sa correspondance personnelle qui renferme nombre de demandes d’appui, de recommandation, d’intervention, Julien Cain était perçu par ses contemporains comme un homme d’influence, qui pouvait murmurer à l’oreille d’hommes politiques tels que le président Vincent Auriol, le Premier ministre Michel Debré, Edgar Faure ou Jacques Chaban-Delmas. Points d’orgue dans son cursus honorum, Julien Cain se vit élire en 1952 à l’Académie des Beaux-Arts au fauteuil du sénateur et résistant François Labrousse et élever cinq ans plus tard à la dignité de grand-croix dans l’ordre de la Légion d’honneur.

Malgré toutes les nuances qu’il convient d’apporter au bilan de son second mandat (absence de solutions à la saturation chronique de la salle Labrouste, la plus fréquentée des chercheurs, ralentissement important de l’achèvement du Catalogue général des livres imprimés attendu par les bibliothèques du monde entier, manque de crédits et de personnel, insuffisance criante des salaires des agents, entre autres), son œuvre à la tête de la BN de 1945 à 1964 constitua la consécration de sa carrière de haut fonctionnaire. L’établissement qu’il laissa à son successeur Étienne Dennery au milieu des années 1960 n’avait plus grand-chose à voir avec celui dont il avait pris les rênes en 1930. La Bibliothèque était transfigurée et alliait désormais les exigences de la modernité à un dynamisme scientifique renouvelé et un rayonnement international accru.
La longévité de Julien Cain dans ses fonctions, qui contraste nettement avec la valse des gouvernements sous les IIIe et IVe Républiques, peut se lire comme la marque de la confiance que lui accordèrent tour à tour les différents régimes et ministres de l’Éducation nationale qu’il servit. Alors même qu’il avait depuis longtemps dépassé l’âge de la retraite, de Gaulle qui l’appréciait repoussa, dit-on, le plus tard possible le moment de lui choisir un remplaçant. Lorsqu’il partit enfin en septembre 1964 à l’âge de 77 ans, ce fut en quelque sorte l’incarnation de la BN qui s’en alla avec lui.
Après la Bibliothèque nationale
Alors que ses amis des arts, des lettres et des bibliothèques saluaient sa personnalité et son travail au travers notamment d’un numéro de la Gazette des Beaux-Arts en 1966 et d’un volume de mélanges en son honneur intitulé Humanisme actif en 1968, Julien Cain, loin de tirer sa révérence sitôt quittée la BN, continua à exercer un grand nombre de responsabilités. Infatigable, on le retrouve ainsi pour de nombreuses années encore au sein de la commission française de l’Unesco et dans les instances de l’ORTF, mais aussi à la commission nationale chargée par le ministre de la Culture, André Malraux, de préparer l’inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France dont il fut le président.

Ayant pris peu avant son départ de la BN la direction du Musée Jacquemart-André, rattaché à l’Institut de France dont il était membre depuis son élection à l’Académie des Beaux-Arts, il s’y investit pleinement à partir de 1964. Avec ce poste qu’il occupa jusqu’à sa mort, il renouait avec ses premières amours de jeunesse, l’histoire de l’art. Dans ce bel écrin, il proposa au public une série d’expositions marquée par l’éclectisme : « Millet, le portraitiste et le dessinateur » (1964) ; « Jean Cocteau et son temps (1889-1963) » (1965) ; « Bonington, un romantique anglais à Paris » (1966) ; « Trésors de l’art roumain du XVe au XVIIIe siècle » (1966) ; « Hubert Robert, les sanguines du Musée de Valence » (1969) ; « Marcel Proust en son temps » (1971) ; « Poiret le Magnifique » (1974).
Dans cette dernière période de sa vie, la BN ne fut jamais loin. Il la fréquenta en simple lecteur pour les besoins de ses recherches personnelles et demeura proche d’anciens collaborateurs. Son décès survenu le 9 octobre 1974 fut suivi quelques semaines plus tard de celui de son épouse Lucienne qui lui était fusionnellement attachée. Avec lui s’éteignit un « monstre sacré » du service public de la Culture de trois Républiques.
Aux hommages d’alors se joignit bien plus tard, en 2005, celui de la jeune Bibliothèque nationale de France et de son lointain successeur, le président Jean-Noël Jeanneney, qui donna son nom à l’une des allées du niveau Haut-de-jardin de son site François-Mitterrand. Sans descendance, les Cain léguèrent leur maison de la rue de la Princesse de Louveciennes à la municipalité qui la transforma en maison des jeunes et de la culture. Leurs archives personnelles, étroitement entremêlées, furent remises à la BN en 1975 par les nièces Ferdinand-Dreyfus de Lucienne. Elles sont depuis lors conservées au département des Manuscrits de la BnF. Ce fonds volumineux a reçu il y a quelques années un très beau complément avec les correspondances de 1914-1917 de Julien Cain et les lettres échangées entre les époux Cain durant la Seconde Guerre mondiale, remises en don par Monsieur Pierre-André Meyer, petit-neveu de Julien Cain, qui en a publié les éditions critiques.
En cours de classement, le fonds Julien et Lucienne Cain (plus d’une centaine de boîtes d’archives, conservées sous la cote NAF 28238), recèle un important matériau documentant l’ensemble de la carrière de Julien Cain, à la BN et ailleurs, ainsi que sa vie plus intime, notamment ses sociabilités, dont l’étude permettrait de mesurer l’importance de ses relations interpersonnelles dans l’histoire de la Bibliothèque. Il pourra susciter un jour, nous l’espérons, l’établissement d’une biographie intellectuelle de ce grand serviteur de l’État et acteur de l’histoire culturelle française au XXe siècle.
Pour aller plus loin
Sources imprimées
Rapports d’activité de la Bibliothèque nationale
- La Bibliothèque nationale pendant les années 1930-1932. Rapport à M. le Ministre de l’Éducation nationale, Paris, Imprimerie des Journaux officiels, 1935. BnF, LLA, 8-Q-6182 (1930-1932).
- La Bibliothèque nationale pendant les années 1933 et 1934. Rapport de l’Administrateur général à M. le Ministre de l’Éducation nationale, Paris, Imprimerie des Journaux officiels, 1936. BnF, LLA, 8-Q-6182 (1933-1934).
- La Bibliothèque nationale pendant les années 1935 à 1940. Rapport présenté à M. le Ministre de l’Éducation nationale par M. Julien Cain, Administrateur général de la Bibliothèque nationale, Paris, Imprimerie des Journaux officiels, 1947. BnF, LLA, 8-Q-6182 (1935-1940).
- La Réunion des Bibliothèques nationales pendant les années 1943 et 1944. Rapport présenté à M. le Ministre de l’Éducation nationale par M. Jean Laran, Administrateur général honoraire chargé des fonctions d’administrateur général, Paris, Imprimerie des Journaux officiels, 1946. BnF, LLA, 8-Q-6182 (1943-1944).
- La Bibliothèque nationale pendant les années 1945 à 1951. Rapport présenté à M. le Ministre de l’Éducation nationale par M. Julien Cain, Membre de l’Institut, Administrateur général de la Bibliothèque nationale, Directeur des Bibliothèques de France, Paris 1954. BnF, LLA, 8-Q-6182 (1945-1951).
Divers
- « Buchenwald était une organisation scientifique d’extermination », Le Figaro, 19 avril 1945.
- Exposition internationale des arts et techniques de Paris 1937, Ébauche et premiers éléments d’un musée de la littérature, présentés sous la direction de Julien Cain, Administrateur Général de la Bibliothèque nationale, préface de Paul Valéry, de l’Académie française, Paris, Denoël, 1938. BnF, LLA, 4-Z-3381.
- Hommage à Julien Cain, Paris, PUF, 1966 (Gazette des Beaux-Arts 68, juillet-août 1966). BnF, MSS, 4-IMPR-4414.
- Humanisme actif : mélanges d’art et de littérature offerts à Julien Cain… préface par Étienne Dennery ; lithographie de Chagall ; eau-forte d’André Dunoyer de Segonzac…, Paris, Hermann, 1968, 2 vol. BnF, LLA, 8-Z-39736. Voir le billet consacré à cette publication par Olivier Jacquot sur le carnet La Recherche à la BnF.
- Julien Cain, Les Transformations de la Bibliothèque nationale et le dépôt annexe de Versailles, Paris, Éditions des Bibliothèques nationales, 1936. BnF, LLA, 4-Q-3713.
- Id., « Camps d’épouvante », Le Monde illustré n° 4308, Paris renaît, 19 avril 1945. BnF, PHS, Fol-Lc2-2943.
- Id., Les Transformations de la Bibliothèque nationale, de 1936 à 1959, Paris, Éditions La Déesse, 1959. BnF, LLA, 4-Q-4850.
- Boris Taslitzky, 111 dessins faits à Buchenwald, 1944-1945, présentés par Julien Cain, Paris, La Bibliothèque française, 1945 BnF, ARS, 8-Z-5016.
Sources éditées
- Julien Cain, Julien Cain, Un humaniste en guerre. Lettres 1914-1917, éd. Pierre-André Meyer, Paris, L’Harmattan, 2011 (Chemins de la Mémoire, série « XXe siècle »). BnF, PHS, 2011-313503. Voir le billet consacré à cette publication par Olivier Jacquot sur le carnet La Recherche à la BnF.
- Julien Cain et Lucienne Julien Cain, Correspondance. De la Bibliothèque nationale au camp de Buchenwald. 1941-1945, éd. Pierre-André Meyer, Paris, L’Harmattan, 2020 (Chemins de la Mémoire, série « XXe siècle »). BnF, PHS, 2020-235098.
Archives
- BnF, Mss, NAF 28238. Fonds Julien et Lucienne Cain. Ce fonds n’est pas encore visible au catalogue Archives et manuscrits mais est en cours de classement.
- BnF, Archives institutionnelles
- 2021/020/030-033. Dossier d’agent de Julien Cain
- 2004/023/001-2004/023/101. Archives de l’administrateur général Julien Cain (1917-1964)
- 2005/026. Archives du secrétariat des administrateurs généraux (1877-1992)
- Archives nationales, Bibliothèque nationale et Direction des Bibliothèques de France
- 19970352/1-19970352/34. Bibliothèque nationale, correspondances générales (1932-1964)
Documents sonores et audiovisuels
- Robert Mallet, entretien radiophonique avec Julien Cain pour l’émission Vocations, 1re diffusion 12 avril 1960, Chaîne nationale.
- Alain Resnais (réal.), Toute la mémoire du monde, documentaire, France, 1956, 22 min. BnF, SVM, NumAV-42492.
Iconographie
- Jacques-Émile Blanche, portrait de Julien Cain, peinture à l’huile, 1938 (collections du Musée des Beaux-Arts de Rouen – don des exécuteurs testamentaires de Julien Cain, 1975)
- Georges Chevalier, portrait de Julien Cain, autochrome positif sur verre, 1929 (collections du Musée Albert-Kahn, Boulogne-Billancourt)
Bibliographie (sélection)
- Bruno Blasselle et Gennaro Toscano (dir.), Histoire de la Bibliothèque nationale de France, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2021. BnF, LLA, 2022-162819. Voir notamment les chapitres
- « Métamorphoses de la Bibliothèque dans les années 1930 » par Anne Leblay-Kinoshita
- « La reprise en mains par Julien Cain : ruptures et continuités. 1945-1964 » par Maximilien Girard,
- « La Bibliothèque pendant la Grande Guerre et les années 1920 » par Jacqueline Sanson
- « L’instrumentalisation de la Bibliothèque sous l’Occupation » par Martine Poulain.
- Martine Poulain (dir.), Histoire des bibliothèques françaises. [4], Les bibliothèques au XXe siècle, 1914-1990, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2009 (réédition avec postface inédite de Martine Poulain). BnF, LLA, 2009-286337.
- Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées : les bibliothèques sous l’Occupation, Paris, Gallimard, 2013 (édition revue et augmentée). BnF, PHS, 2013-427160.
- Amandine Pluchet, « Les expositions organisées à la Bibliothèque Nationale sous l’administration de Julien Cain, 1930-1964 », Revue de la BNF 49 (1), p. 50-59. En ligne : https://doi.org/10.3917/rbnf.049.0050.
- Pour plus de détails sur la jeunesse et l’itinéraire de Julien Cain des tranchées de la Grande Guerre à la Chambre des députés, se reporter à l’introduction et à la postface de l’édition de sa correspondance des années 1914-1917 publiée par Pierre-André Meyer (Julien Cain. Un humaniste en guerre. Lettres. 1914-1917). Voir la bibliographie en fin d’article. [↩]
- Mots qu’il prononça lui-même dans un entretien radiophonique accordé à Robert Mallet pour l’émission « Vocations » diffusée par la RTF le 12 avril 1960. [↩]
- Sauf renvoi vers d’autres sources indiquées en notes, le contenu de cette partie est tiré de la contribution « Métamorphoses de la Bibliothèque nationale dans les années 1930 » de notre consœur Anne Leblay-Kinoshita au volume collectif Bruno Blasselle, Gennaro Toscano (dir.), Histoire de la Bibliothèque nationale de France, Paris, BnF éditions, 2021, p. 351-365. [↩]
- Voir Jacqueline Sanson, « La Bibliothèque pendant la Grande Guerre et les années 1920 », dans Bruno Blasselle, Gennaro Toscano (dir.), op. cit., p. 329-339. [↩]
- Thérèse Kleindienst, « Les transformations de la Bibliothèque nationale », dans Martine Poulain (dir.), Histoire des bibliothèques françaises. [4], Les bibliothèques au XXe siècle, 1914-1990, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2009 (réédition avec postface inédite de Martine Poulain), p. 112. [↩]
- Né en 1888, lauréat du prix de Rome 1920, il fut l’architecte de la Bibliothèque nationale de 1932 à 1953. Il s’éteignit en 1957. [↩]
- La Bibliothèque nationale pendant les années 1935 à 1940. Rapport présenté à M. le Ministre de l’Éducation nationale par M. Julien Cain, Administrateur général de la Bibliothèque nationale, Paris, Imprimerie des Journaux officiels, 1947, p. 52. [↩]
- Parmi elles : « Cartes anciennes » (1931) ; « Goethe », « L’Encyclopédie et les encyclopédistes » (1932) ; « Rabelais », « Collection Henri de Rothschild » (1932) ; « Daumier » (1934) ; « Goya », « Victor Hugo » (1935) ; « Cinquantenaire du symbolisme » (1936) ; « Peintures chinoises », « Enlumineurs français » (1937) ; « Gambetta », « Georges Bizet », « Les arts de l’Iran », « Le livre argentin » (1938). [↩]
- Autant de noms que l’on retrouve au verso des petits menus improvisés par Lucienne Cain ou au fil de la correspondance reçue par les époux, documents conservés dans le fonds Julien et Lucienne Cain du département des Manuscrits de la BnF. [↩]
- Pour plus de détails sur ces activités « annexes » de Julien Cain, voir l’avant-propos de l’ouvrage Julien Cain et Lucienne Julien Cain, Correspondance. De la Bibliothèque nationale au camp de Buchenwald. 1941-1945, éd. Pierre-André Meyer, Paris, L’Harmattan, 2020 (Chemins de la Mémoire, série « XXe siècle »), p. 16-20. [↩]
- Sur ses activités « à l’Information », voir Ibid., p. 33-36, 38-39 [↩]
- Sur l’itinéraire des Cain, du 10 au 24 juin 1940, voir Ibid., p. 41-48. [↩]
- Sauf renvoi vers d’autres sources indiquées en notes, le contenu de cette partie est tiré de la reconstitution méthodique de l’itinéraire de Julien Cain des années 1940-1945 établie par Pierre-André Meyer à partir de nombreuses archives inédites de la période et de témoignages postérieurs. cf. Ibid., p. 49-121. [↩]
- Sur ce sujet, voir l’ouvrage de référence : Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées : les bibliothèques sous l’Occupation, Paris, Gallimard, 2013 (édition revue et augmentée). [↩]
- Sur l’arrestation de Julien Cain et les démarches qu’il entreprit après la guerre pour se faire reconnaître le titre d’interné et déporté résistant, se reporter à l’analyse très fine de Pierre-André Meyer qui souligne l’écart pouvant exister entre réalité des faits de résistance et leur reconstruction a posteriori dans le contexte de l’après-guerre. cf. Julien Cain et Lucienne Julien Cain, Correspondance. De la Bibliothèque nationale au camp de Buchenwald. 1941-1945, p. 64-79. [↩]
- Pétition et lettres des amis conservées dans le fonds Julien et Lucienne Cain du département des Manuscrits ont été édités par Pierre-André Meyer. Cf. Ibid., annexe 4, p. 794-800. [↩]
- Les époux échangèrent plus de 200 lettres de juin 1941 à janvier 1944. [↩]
- BnF, Mss, NAF 28238. Fonds Julien et Lucienne Cain, presse de la Libération [↩]
- Ibid., journal L’Ordre, n° 7, 19 avril 1945. [↩]
- Dans ce numéro, le journal se borna à indiquer que Julien Cain avait « dit dans la soirée [du 18 avril] » à ses journalistes « les terribles souffrances imposées aux 40 000 prisonniers qui ont été miraculeusement sauvés, il y a sept jours, par une pointe de chars américains, avant même la prise de Weimar et au moment où les Allemands ne pouvant faute de camions les emmener tous, s’apprêtaient à les massacrer, voire à les brûler vifs à l’aide de lance-flammes déjà préparés. ». cf. Ibid., Le Parisien libéré, 2e année, n° 210, 19 avril 1945. [↩]
- On trouve ça et là dans le fonds Julien et Lucienne Cain la trace de sa participation à des amicales des victimes du nazisme. [↩]
- Sauf renvoi vers d’autres sources, cette partie reprend la matière de notre contribution « La reprise en mains par Julien Cain : ruptures et continuités. 1945-1964 » au volume Bruno Blasselle, Gennaro Toscano (dir.), op. cit., p. 389-403. [↩]
- Voir sur ces sujets Martine Poulain, op. cit., p. 117-284, 429-504. [↩]
- Julien Cain, Les Transformations de la Bibliothèque nationale, de 1936 à 1959, Paris, Éditions La Déesse, 1959. [↩]
- Il siégeait notamment au conseil des programmes de la RTF, puis de l’ORTF. Ses archives personnelles reflètent ses liens avec ces organismes. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Maximilien Girard (11 avril 2025). Un grand serviteur de l’État rescapé de Buchenwald : Julien Cain (1887-1974). L'Histoire à la BnF. Consulté le 20 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13q6b
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